Salut tout-le-monde sauf Moshe Dayan et les cyclopes!
Il y a un bon bout de temps de cela, j'ai eu l'occasion de mettre une Denkmeilleure sur mon 200/1000.
Une révélation. Je comprenais parfaitement l'étonnement de nos amis microscopistes quant-à la persistance des astrams à rester en vision monoculaire.
Pas donné évidemment une Denk, une Baader etc...sans compter la double ration en oculaires.
En budget moins de 300roros il y a la WO qui semble être un maître-achat, mais, mais...
Mais j'hésitais, attendais et ratais des occases...puis j'apprends la sortie de la nouvelle Burgess, aux prismes de 24 bien lumineux.
Echos très positifs sur Cloudy Nights, l'intuition "cette fois c'est bon" sublimée par je ne sais quel sortilège, j'ai passé commande: à Léa, Jacques ta veste!
Présentation et finitions
La BV24, deux oculaires Binolites 20mm (60°CA), une barlow 1,95x indispensable pour la mise au point avec un Newton standard, une bague permettant un accès plus aisé aux vis de serrage du PO: voilà l'équipement offert dans un coffret alu aux dimensions fort pratiques.
31x25x7, il y a encore de la place pour y loger 3 paires d'oculaires supplémentaires.
Perso j'y ai mis un Antares W70 14 et 8,6mm, avec une case vide pour les futurs confrères, et l'outsider Superview 30mm en 50,8.
Le coffret contenant tout ce matos se glisse sans problème dans mon sac-à-dos de randonnée. Parfait donc.
Très jolie toute en noir, avec un revêtement agréable au toucher, la BV24 surprend par son aspect robuste mais léger.
Réglage individuel de dioptrie ferme mais souple, idem pour l'écartement des fûts, serrage annulaire: irréprochable, la confiance s'installe.
En effet, le côté mécanique est tout aussi important que la qualité des optiques: le moindre désalignement et on n'arrive pas à fusionner les images.
Le serrage annulaire et le confort pour adapter la tête à sa vision ne sont pour moi pas un luxe mais bel et bien un critère indispensable.
Mission accomplie! Attention toutefois, il faut prendre son temps pour régler la tête, cela reste très individuel et il n'est pas commode de partager sa vision avec quelqu'un d'autre. Une tête bino est un instrument qui se déguste en solo!
Les oculaires Binolites 20mm ont de quoi étonner, tellement de qualités dans de si petits cailloux!
Test en mono sur un F/d 5 (relativement court donc), presque parfait jusqu'au bord du champ.
Je préfère moins de champ mais un piqué sur toute la vision qu'un grand champ avec des étoiles en comète sur les bords. Le Binolite 20mm champ apparent 60° me satisfait de ce point de vue: c'est net sur 90%. En comparaison j'estime le W70 14mm 68° à une netteté sur 75% (difficile à mettre en chiffres: c'est progressif)
Un mot encore sur le serrage annulaire: la jupe du Binolite peut se visser à l'envers, mettant ainsi la gorge de sécurité en dehors de la zone de serrage de l'anneau. Un quart de tour suffit pour serrer ou débloquer les oculaires.
Chose impossible d'origine avec mes Antares dont j'ai du combler la gorge en collant une lamelle découpée dans une boîte de péloche.
Changer d'oculaire devient ainsi chose aisée, même avec des gants.
On voit ici le Binolite 20mm avec jupe inversée, à côté d'un Antares W70 14 et 8,6 (le truc noir sur les jupes, c'est le bout de plastique collé)
Je n'ai pas encore testé la barlow en mono. Elle pourrait se visser sur la jupe d'un oculaire équipé d'un filetage pour filtre mais place au cœur du sujet: la vision bino.
Impressions globales
* Une barlow, des prismes...pas de miracles: la luminosité diminue.
Les "dégats" sont limités grâce aux dimensions des prismes et des traitements assurant une bonne transmission de la lumière.
D'autres facteurs viennent compenser cet handicap:
- deux yeux voient plus clair qu'un seul. Pas énorme comme différence, mais quand-même. Vous pouvez faire l'expérience avec une feuille blanche. Elle paraît plus lumineuse en la regardant des deux yeux qu'avec un seul.
- l'obscurcissement est du aussi au grossissement plus important (barlow oblige avec un Newton standard). On sait que cela est bénéfique pour l'observateur citadin: le ciel s'obscurcit, le contraste augmente. Même si on perd en magnitude, l'esthétisme devient flatteur, on a l'impression d'être sous un ciel d'encre. Un effet "anti-pollution lumineuse" en quelque sorte.
- en planétaire on ne demande pas mieux qu'une baisse de luminosité!
* A même grossissement théorique, il est surprenant de constater une impression de grossissement plus fort en vision bino, ainsi qu'un plus grand champ.
Cette dernière constatation pourrait s'expliquer facilement. Fermez l'œil gauche, vous verrez du coin le bout de votre nez. Ouvrez, le nez est remplacé par une vue élargie côté gauche. Remplacez le nez par le field stop des oculaires et vous avez le même effet: 10% de champ en plus à vue de pif.
* Meilleure perception des couleurs et contrastes.
* Impression de relief. C'est dur à expliquer...il s'agit au fait d'un effet de traitement d'images par le cerveau. Rien en théorie permettrait d'affirmer qu'on aurait une vue stéréoscopique. En pratique cependant (je suis persuadé que c'est très dépendant d'une personne à l'autre) on peut se laisser aspirer par la vue, plonger dans l'image...l'imagination fait le reste.
"Magique" est le mot qui convient.
* Encore un tour de l'esprit: on s'affranchit plus facilement de la turbulence.
Je ne sais pas comment cela se fait, mais à certains moments, l'image semble se figer, tandis qu'en vision mono elle continue à trembloter.
* A condition d'avoir parfaitement réglé la tête, écartement, mise au point gauche/droite, regarder ne nécessite plus d'effort: les yeux sont au repos, avec leur mise au point propre naturelle. C'est très confortable et permet de longues heures d'observation avec un maximum de concentration sur l'objet en question, sans devoir fatiguer les muscles de mise au point des yeux.
Voici la BV24 équipée des Binolites 20mm et de la barlow 1,95x:
Quelques exemples d'observation
Toutes les observations décrites sont faites avec la BV24 équipée de ses Binolites 20mm, la barlow 1,95x sur un 200/1000.
Grossissement et champ: 100x, un demi degré (une pleine Lune)
* La Lune.
Rien que la Lune en bino vaut l'investissement. Fabuleux survol des cratères, elle est redevenue ma copine des débuts. Pas besoin d'en dire plus: de tels aveux en publique d'un amoureux du ciel profond devraient suffire.
* Mars.
Timide planète qui sous un éclat important cache quelque détail compromettant: le string. Assez difficile à débusquer en mono, l'augmentation du contraste et la baisse globale de la luminosité font qu'il (elle) rougit avec son accoutrement.
* Saturne.
Une merveille, les anneaux ciselés par un Cellini se montrent sans aucune hésitation dans leur orientation réelle. J'ai souvenir d'avoir du, avec des optiques de moindre qualité, deviner plutôt que constater quelle partie se situait devant ou derrière la boule. Ici aucun doute: cela saute aux yeux.
Ma plus belle vue après celle au 257mm de l'observatoire du CAB, quand les anneaux se montraient plus inclinés.
* Vénus.
Rien de spécial en cette vue dans le ciel encore noir. J'y retournerai dans les lueurs de l'aube, quand déjà en mono l'impression de boule est plus frappante.
Une chose importante quand même: pas de soucis de chromatisme.
* Holmes.
Ouh là, trop grande pour le demi degré résultant. Bien trop belle avec le 30mm superview, je ne suis pas resté en bino. Couleur verte bien visible, mais c'est déjà le cas aux jumelles...
* M44 et 45.
Trop grands aussi, mais le plongeon à l'intérieur vaut la peine. Parcourir et s'arrêter sur un petit triangle d'étoiles contrastées en couleurs, un double plus loin, un phare par ci...voyage-surprise.
* M67, 52, NGC 457, M35,36,37,38 etc...
Voilà des cibles de prédilection pour les visites en bino. L'imagination place des étoiles brillantes en avant plan, les plus faibles en arrière. Mais plus important est la tranquillité pendant l'observation. Tout bénéfice pour dessiner les petits amas ouverts.
* M3.
Déception, mais bon, le globulaire était déjà noyé dans l'aurore. Je suis très curieux d'essayer les M13 ou 22. Je pense que ça promet!
* M31, M81/82, Trio du Lion.
Déception aussi: M31 trop grande, ça, je le savais.
Pour les autres, la déception y était également en vision normale: en cause la pollution lumineuse sous le ciel semi-urbain. Partie remise avec la même curiosité que pour les amas globulaires.
* M57, 27.
Partie remise pour les nébuleuses planétaires: arrivé trop tard ou pas encore eu le temps.
* M42.
Comment dire?
Elle m'a toujours fascinée la grande nébuleuse d'Orion.
Première fois avec le Seben Big Boss: waow.
Vite effacé par la première vision avec un SW 150/750 bien plus convenable.
Vision à son tour laminée par celle avec mon 200/1000: première fois aussi que je voyais une couleur verdâtre sous un ciel urbain.
Puis M42 avec un 300/1500: scotché que j'étais...
Et bien même ce dernier souvenir est un truc de lopettes à côté de ce que j'ai vu avec le 200/1000 équipé de la BV24!
Le trapèze DANS les volutes, celles-ci d'une incroyable complexité, la zone sombre comme un tunnel qui passe en dessous, les ailes qui se prolongent d'un voile diaphane...(tudjeu qu'est-ce que ça va donner avec le futur 300 quand il sera terminé)
Sublissississississime!
Conclusions
Vous l'aurez deviné: je regrette, oui, je regrette de ne pas avoir investi plus tôt en vision bino, mais je ne regrette pas grâce à cette trop longue attente d'avoir une tête qui donne entière satisfaction.
Attention, comme point de comparaison je n'ai que la Denk. Il serait intéressant de comparer avec la WO qui est dans la même gamme de prix (un peu moins chère) mais en ce qui me concerne: la BV24 est un maître-achat.
Tant mieux pour moi qui ai craqué pour une tête sans avoir pu l'essayer.
Le test CN ici:
http://www.cloudynights.com/ubbthreads/showflat.php/Cat/0/Number/1877692/Main/1859106
Spécifications techniques et distribution ici:
http://www.burgessoptical.com/Accessories/Binoviewer24.html
(attention, serrage annulaire en option)
http://www.scopemania.fr/achat/produit_details.php?id=728
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Binoculaire Burgess model 24
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