Après m’être posé un certain nombre de questions à propos de ces deux oculaires (voir LVW13 vs Nag13), j’ai voulu faire la comparaison directement sur mon instrument, avant de prendre une décision définitive. Je précise tout d’abord que les deux se trouvent relativement facilement en occasion, puisque j’ai acquis les deux en seulement quelques jours.
Bien sûr, un avis sur un oculaire est assez personnel, ça dépend avant tout de sa pratique, de son attente, et aussi de son… ciel. Alors pour situer ce qui suit, ce qui m’intéresse est le ciel profond, presque « exclusivement » (je ne rechigne pas à regarder Saturne, ou la planète du moment, de temps en temps, mais par contre pas la Lune) ; mon ciel est généralement très bon puisque je vis à 1700m d’altitude, dans un petit village où la PL est très très limitée, et ce que j’attends donc d’un oculaire c’est d’exploiter au mieux ce ciel, donc du piqué et du contraste avant tout.
Le test a été réalisé sur mon Orion 203/1000 sur monture SVP (non motorisée), par une belle soirée sans Lune (avant qu’elle ne se lève), un ciel clair (le pont de matière sur M51 était visible), en altitude (1713m), une humidité raisonnable (42%), et une turbulence « moyenne » (disons 3 sur une échelle de 1 à 5).
Les chiffres.
A ma gauche, le LVW 13mm, poids « lourd » de 460g, champ apparent annoncé de 65°, relief d’œil de 20mm
vs
A ma droite, le Nagler 13mm, poids « coq » de 182g, champ apparent annoncé de 82° , et relief d’œil de 12mm
Sur mon tube, le LVW donne un champ réel de 0,8° contre 1,1° pour le Nagler.
La pupille de sortie est évidemment la même pour les deux : 2,6mm.
Prise en main, manipulation, comportement sur le tube.
La première impression est curieuse, on n’a pas le sentiment que ce sont deux oculaires de même focale, ni de même coulant. Le LVW est massif, il « remplit une main » (!), alors que le Nagler est de taille « normale » pour un oculaire, je dirais même étonnamment normale pour un si grand champ. Le poids est aussi évidemment très différent : 410g vs 188g sur ma balance, on n’est quand même pas dans la même catégorie ! Du coup, on manie le LVW avec beaucoup plus de précautions, la peur de lâcher une telle bête est quasi-permanente, alors que le Nagler se manie plus naturellement.
Une fois dans le PO, les choses sont différentes également. Dans certaines positions, le LVW pose des problèmes d’équilibre du tube, et j’ai constamment peur d’avoir mal serré la vis de blocage du PO. J’ai pourtant l’habitude de manipuler le NLVW 30mm qui est aussi assez imposant (360g) mais je suis moins à l’aise avec ce LVW 13mm.
Conclusion, le Nagler vainqueur dans cette catégorie, je dirais vainqueur par 10 à 8 (sur 10).
Planétaire (Saturne)
Je commence par là. Et disons le tout net que la différence entre les deux est vraiment faible. Le champ apparent fausse un peu la comparaison, c’est sûr que le champ du Nagler a quelque chose d’attirant pour qui aime le CP, mais sinon la planète me parait aussi bien définie dans les deux. La différence se situe au niveau des couleurs (plus neutre pour le LVW, plus chaud pour le Nag) et du ciel environnant à peine plus noir dans le Nag. Pour le reste, je passe de l’un à l’autre et ne voit pas de grande différence. En particulier, Mimas et Dioné qui sont ce soir-là très proches des anneaux sont distinctement visibles dans les deux. Conclusion sur cet aspect : match nul.
Ciel profond
Passons aux choses sérieuses (pour moi ). Je le disais plus haut, le ciel était vraiment clair et la turbulence moyenne. Je passe donc en revue un certains nombres d’objets typiques, principalement Amas Globulaire (M3) et diverses Galaxies d’aspects et magnitudes variés (M104, triplet du Lion, M49, M94, M51). Et là, ben la différence est nettement en faveur du Nagler. Le contraste et le piqué sont vraiment un cran au-dessus. C’est particulièrement évident sur M104 où la séparation m’apparaît plus marquée, sur le triplet du Lion où les détails sur M65/M66 sont très fins et NGC3628 magnifique de finesse avec le Nag. En passant de l’un à l’autre sur les galaxies, ce qui est le plus notable est le moindre contraste du LVW ; là où le Nag me donne des détails, le LVW reste plus diffus et discret. C’est vraiment flagrant sur M51 : non seulement le pont de matière est plus marqué avec le Nag, mais je vois aussi une luminosité qui me permet de distinguer les bras du noyau, alors qu’il faut jouer de la vision décalée pour voir la même chose avec le LVW, la luminosité en moins.
Mais je crois que la différence est encore plus notable sur l’amas M3. Le cœur de l’amas reste compact et peu détaillé avec le LVW, alors que le Nagler montre plus de points distincts et lumineux. Je suis étonné de la différence sur M3, et passe 4 ou 5 fois d’un caillou à l’autre pour m’en assurer. Conclusion : Nagler vainqueur sur le CP (10 à 7,5).
Confort, aberrations.
Je m’interrogeais sur la différence de relief d’œil entre les deux (20mm vs 12mm), et je m’attendais à une différence sur le plan du confort. Il n’en est rien, sur les deux l’œil se place facilement, pas d’ombres volantes, les deux sont très confortables. Côté aberration, la coma est visible sur les deux cailloux en périphérie de champ ; j’avoue que je suis assez peu gêné par le phénomène, donc ça ne me pose pas de problème particulier. Conclusion sur cet aspect : match nul.
Conclusion
Pour ma pratique (CP quasi-exclusif), c’est le Nagler sans hésitation. Essentiellement pour deux raisons : piqué/contraste, mais aussi poids/encombrement. Le 13mm est l’oculaire que j’utilise le plus (avec le 30mm) et je suis plus à l’aise en manipulant le Nag que le LVW, sans parler de l’équilibre du tube.
Modifié par kiwi74