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Tout ce qui a été posté par cmltb612
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Question tige filetée en sortie de colonne bétonnée ...
cmltb612 a répondu à un sujet de cmltb612 dans Les bricoleurs
Ouh là ouh là ! Formidable. Merci pour le temps que tu as passé à calculer tout ça et à l'expliquer. C'est super. Je dors désormais sur mes quatre oreilles, en attendant l'arrivée de la platine. En même temps, vu les capacités de résistance de tout ça, je me demande si je ne vais pas upgrader vers un T300 (cm). 😊 -
Soleil [Vintage] Le jour où : J'ai tué le soleil d'un coup de révolver
cmltb612 a répondu à un sujet de BHM dans Astrophotographie
En 2012, on n'a vu que la fin du transit, par ici. Donc, si c'était en métropole ... Belle image ! c -
Incidemment, il y une nova à la mag 7.3 dans le scorpion. https://www.aavso.org/pnv-scorpius-2024 Ici c'est bouché de chez bouché.
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D'une manière générale, ces papiers en histoire ancienne de l'astronomie, c'est à la base quelques lignes retrouvées dans de vieux registres, et des tonnes de rhétorique derrière. Avec *parfois* comme qui dirait un soupçon d'arbitraire. Tantôt j'accepte cette archive, parce qu'elle va dans le sens de ce qui m'intéresse, tantôt je la réfute. C'est pourquoi il est généralement très utile de tout lire par soi-même afin de se faire sa propre opinion. Bon, après, ce n'est que mon humble avis. Dans tous les cas, on sera fixé d'ici peu. Soit ça pète, et on ouvre la bouteille qu'on garde au frais pour les grandes occasions, ... soit ça pète pas, et on fait un gros feu de joie avec toute cette littérature, et ces messieurs retournent à leur modèles prédictifs. Nous ne sommes que de petis observateurs dans tout ça. w&s Oui, en fait il y a confusion possible avec une étoile de mag 6 à un degré, je crois me souvenir. Schaefer l'explique bien. Je te laisse lire ;-). Je décroche pour ce soir. Bon cieux, pour ceux qui en ont, bon poulet au vin jaune pour les autres.
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Et oui, tu as pratiquement tout compris du problème, Claude. Mais *apparemment* la carte n'est pas *totalement* de lui. Comprendre il y a eu, à l'époque, interprétation du travail de Herschel par l'éditeur, à la RAS, et donc, la carte aurait été annotée par un scribouillard. Une très grosse partie du travail d'historien de Schaefer a été de retrouver les cartes originelles de Herschel afin de sortir du flou artistique. En particulier, dans l'extrait donné ci-dessus, on ne sait pas véritablement à quoi correspond l'étoile ajoutée sur la carte. Est-ce la position de la nova de 1866 ? Est-ce la position de l'étoile donnée par Herschel ? Tout cela est très ambigu. Je te laisse donc regarder le papier de Schaefer (2013), afin que tu te fasses une idée par toi même. Je n'ai pas lu de certitude absolue dans les papiers récents quant à la périodicité de +- 80 ans, mais il semble néanmoins y avoir concensus quand au comportement de l'étoiles et à la présence de signes avant-coureurs d'une éruption. Il y a beaucoup d'articles à lire, et là, je ne peux que te renvoyer à la bibliographie que j'ai donnée, en particulier, par exemple, si on veut s'extraire de la pensée de Schaefer, les papiers de Ulysse Munari. Ils sont plutôt courts. Schaefer note que pour les autres nova récurrentes connues (une dizaine au maximum), la périodicité est *grosso modo* respectée, mais qu'il y a pour autant de gros écarts, parfois jusqu'à 20% et même davantage. Aussi, le modèle est très *flou". D'où l'intérêt majeur des observations de cette année, avant et après l'éruption, si elle a lieu. Surtout avant, en fait. Et surtout pendant, aussi, et après ;-) Lire à ce propos (notamment) : COMPREHENSIVE PHOTOMETRIC HISTORIES OF ALL KNOWN GALACTIC RECURRENT NOVAE Bradley E. Schaefer 2010 https://arxiv.org/abs/0912.4426 Bon, non plus, je ne suis pas astrophysicien ;-)
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Ah, j'ai fini par mettre la main sur la lettre originale de Herschel. MNRAS vol 26, page 299. C'est très mal référencé dans l'ADS. La lettre de Birmingham est passée à la page 310, donc bien après. A zieuter la carte de Herschel avec les commentaires de Schaefer.
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Il s'agit d'un papier de Herschel, sorti dans le MNRAS en june 1866, à l'origine ; le même numéro que celui dans lequel on annonce la découverte de J Birmingham, quelques pages plus loin (ou avant, car la lettre de Birmingham a été publiée tardivement). Je l'ai lu, mais je ne parviens plus à en retrouver une copie (en fait, j'ai trouvé ça de suite insignifiant et je l'ai poubellé - j'aurais mieux fait de le garder). La référence est là, mais on n'a plus accès au document. Et il n'est pas non plus disponible sur le site de la RAS. https://ui.adsabs.harvard.edu/abs/1866MNRAS..26..299H/abstract C'est commenté et déjà réfuté par McLaughlin en 1939. https://adsabs.harvard.edu/full/1939PA.....47..353M et encore réfuté par Schaefer en 2013. https://arxiv.org/abs/1306.6933 Il s'agit vraisemblablement d'une erreur de transcription dans les cartes de Herschel, qui utilisait un système bien à lui, et non pas des coordonnées astrométriques précises.
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Salut à toi, Ô Féroce Faux qui zigouille tout ce qu'il y a à zigouiller ici bas, Je sais pas ce que ce pauv' gars avait fait pour mériter d'être BANNIS, mais je me demande si, d'une manière générale, pour la dignité de celui qui se fait zigouiller, il ne serait pas davantage séant d'être plus simplement BANNI, plutôt que BANNIS. 😁 Bon, je ne vais pas épiloguer davantage, afin de ne pas prêter le flanc, ni risquer de me faire bannisser à mon tour. C'est toi qui vois, modérateur Ô combien avisé. C
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Salut Dominique, Ca fait une paye qu'on ne s'est pas croisés ! Je ne savais pas que tu gravitais dans le secteur ; bonne nouvelle de te voir là 😉 Très honnêtement, je dubite pas mal aussi concernant cette affaire. Néansmoins, après avoir lu je ne sais combien d'études sur le sujet, je penche malgré tout vers le côté optimiste de la force. Il n'y a pas que des correspondances comportementales entre la courbe des années 1930-1940 et celles de ces dernières années qui entrent en jeu ; il y a aussi des calculs de transferts de matière de la géante rouge vers le disque d'accrétion qui entrent en jeu, et des facteurs spectroscopistes. En 1945, on a deux points en visuel à 10.8, quelques points à 10.7, et le reste des mesures demeure dans les 10.5 et 10.6 et plus haut ; ça n'est pas descendu très bas, en fait. Et à 10.4 - 10.5, on y est sensiblement déjà depuis juin 2023. En B, la baisse a été plus importante encore : 11.7 à 11.8. La naine est peut-être "bouchée" par de la matière ? Actuellement (depuis la première semaine de janvier), on est reparti pour une nouvelle demi période sinusoidale de 114 jours, à la baisse, donc. Cette période se terminera vers JD 2 460 428, soit le 27 avril. Pas certain que ça change grand chose, car l'orbite est circulaire, mais on verra bien. On pourra toujours voir jusqu'où ça va descendre dans l'intervalle. En juillet 1994, on nous avait dit qu'une comète allait s'écraser sur Jupiter, mais que ça aurait lieu sur l'hémisphère opposé à la Terre. Du coup, je ne me suis pas intéressé plus que ça à ce truc. J'ai appris 15 jours plus tard en lisant C&E que ça avait été un feu d'artifice. A l'époque, il n'y avait ni forum, ni web ni rien. j'avais jeté un oeil avec mon 115 d'ado, mais je n'avais rien vu de spécial. L'expérience m'a été cruelle. Dans la nuit du 16 au 17 novembre 1998, on avait eu une alerte ... les léonides seraient là en pagaille cette nuit-là. Le maximum de l'essaim était prévu, en vertu d'une période calculée à 33 ans, pour ... 1999. J'ai jeté un oeil en première partie de nuit par la fenêtre, je ne sais plus bien, en fait, et ... rien. C'était peut-être couvert. En novembre, rien d'exceptionnel à cela. Suis allé me recoucher. Le lendemain, les infos tablaient sur une pluie d'étoiles filantes énormes qui avaient été aperçues en masse peu avant le petit matin. L'expérience m'a parue plus amère encore. On a tous nos moments de faiblesses, comme un Leslie Peltier. Mais l'année suivante, en novembre 1999, la météo était exécrable sur la Drôme, il pleuvait, le plafond était très très bas. j'ai pris la bagnole, fait une tentative pour passer au-dessus de la couche de nuages, en montant dans le Vercors. 20 cm de neige fraiche m'ont fait renoncer à seulement 700 m d'altitude. Même avec les chaines, impossible de monter au col des Limouches. Je ne me souviens pas des circonstances exactes mais, genre à minuit, direction plein sud, où le ciel était dégagé quelque part en Drôme Provençale. et on a vu la cargaison de feux de Bengale d'une vie. 😉 Depuis, je préfère tenter le coup et me lever pour rien, plutôt que d'ignorer la possibilité d'une observation extraordinaire. Leslie Peltier : "And thus, I missed the night of nights in the life of T Coronae." Au sujet du papier de Schaefer que tu cites : https://arxiv.org/abs/2308.13668 The recurrent nova T CrB had prior eruptions observed near December 1787 and October 1217 AD Je n'ai pas été convaincu par la démonstration. En 1787, tout repose sur la cartographie d'une étoile de mag inconnue, mais supérieure à 7.8, placée à peu près au bon endroit, par Wollaston, un astronome dont je n'avais jamais entendu parler auparavant. Il y a une belle rhétorique autour de ça, mais je trouve l'argument un peu léger. Il ne manquait pas d'excellents observateurs à l'époque à Paris, à Londres, en Prusse, en Italie, et même en Amérique, mais quoi ? Personne n'a rien vu en dehors de Wollaston qui était là par hasard à mag 7.6 ? C'était couvert partout en même temps ? Aux environs de la fin décembre, pas de chance, mais pourquoi pas. Même chose 80 ans plus tôt ? Quand à l'observation de 1217 ... trois lignes dans une chronique tirée des archives d'un monastère dans le sud de l'Allemagne. Je cite le passage : "In the autumn season of the same year [1217 AD], in the early evening, a wonderful sign was seen in a certain star in the west. This star was located a little west of south, in what astrologers call Ariadne's Crown [Corona Borealis]. As we ourselves observed, it was originally a faint star that for a time shone with great light, and then returned to its original faintness. There was also a very bright ray reaching up the sky, like a large tall beam. This was seen for many days that autumn. The preachers also in these times asserted that many other signs had taken place in heaven and on Earth, which it would be too long to enumerate and to add to this brief account." La chose me fait penser plus à la description d'une comète qu'à celle d'une nova. Schaefer argumente largement et pose le fait que seule est immobile une étoile. Certes. Mais une comète, pourquoi pas, après tout ? Je me souviens de Hale-Bopp, en avril ou mai 1997 ; elle est restée quasi immobile (à tout le moins aux yeux de l'observateur occasionnel) au même endroit du ciel, après le couchant, pendant des jours et des jours. Même chose pour la comète Holmes en 2007, qui ne bougeait pas des masses. Après, je me suis aussi penché sur la question de la périodicité des phénomènes cités par Schaefer (copie de ma feuille de calculs ci-dessous). Pour une observation de la nova à mag 7.8 +- à noel 1787, il a fallu que l'étoile explose soit dans la première quinzaine de décembre de cette année là, soit dans le courant de l'été précédent. Des époques de l'année qui ne sont pas défavorables à de telles observations. On peut toutefois s'étonner de ce que Wollaston choisisse fin décembre pour effectuer des cartographies de routine de la Couronne Boréale à un moment de l'année qui n'est tout de même pas le plus optimal pour cette constellation qui fait du rase mottes sur l'horizon nord. Loin s'en faut. Et s'agissant de l'année 1217 AD, et bien ça ne colle pas du tout avec une périodicité de 78-79 ans. Il faudrait forcément considérer que la période a été plus vers 81.5 - 82 ans avant 1787, en moyenne sur 9 cycles, pour que ça fonctionne, et encore, puis est descendue brusquement à 78.5 ans entre 1787 et 1946. Dans un autre papier, Schaefer explique justement que la période de récurrence diminue régulièrement de cycle en cycle (sans donner d'explication, il me semble, mais à vérifier). Alors, encore une fois, pourquoi pas ? je ne suis pas un spécialiste ;-) Mais en tout état de cause, et dans l'attente de plus de données, je vois plus un retour de la nova vers 1228 que 1217. J'ai recherché des comètes de passage sur l'année 1217, mais ma doc n'est pas assez profonde pour ces recherches. il faudrait les bouquins de Gary Kronk, je pense. Si qq un les a ... J'ai donné le lien vers le papier de Schaefer plus, ainsi chacun pourra se faire un avis, et nous pourrons en discuter 😉 Ah, et sinon, les mémoires de Leslie Peltier, ça vaut son pesant de cacahuettes ;-) Wait and see.
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Question tige filetée en sortie de colonne bétonnée ...
cmltb612 a répondu à un sujet de cmltb612 dans Les bricoleurs
En touillant bien avec une tige bien longue, et en versant le béton lentement dans le moule, ça devrait le faire. Je fera gaffe. Sinon, j'ai encore réfléchi à ce truc cette nuit (il pleut, ça aide) ; un détail m'est apparu. Dans la mesure où la charge est bien répartie et équilibrée (admettons qu'il y ait un bras de levier de 40 à 50 cm de part et d'autre de la colonne, grossièrement répartis en trois (un grand Y) - le tube du T qui fait un mètre et la tige des contrepoids qui fait 50 cm), il y a peu de risque de flexion de l'ensemble. C'est donc surtout un effort en compression qui est appliqué. ça revient alors à se demander si la platine va ployer, car sur son centre (à la louche) repose toute la charge. Mais le ployage sera uniforme dans toutes les direstions, donc encore une fois, ce n'est pas grave ni synonyme de déviation visible sur le ciel, en raison de l'équilibrage. Il faut juste se demander en définitive si les écrous vont résister (8 écrous au total - écrous + contre écrous). (préalable : tout ceci en ayant pris soin d'avoir des tiges sorties au minimum, bien sur) Ah, et puis dernière contrainte potentielle sur les tiges : l'effort en rotation lors des mobilisations rapides de la charge (en manuel, parce que le goto n'est tout de même pas aussi contraignant que ça. Négligeable je pense. Juste des éléments de réflexion théoriques. Aucun doute que cela tienne. Sinon, j'ai tracé sur le papier ; je ne peux pas mettre les tiges à 40mm du bord de la colonne. Le tuyau de PVC fait 10 mm d'épaisseur et 290 mm interne, et l'embase de la monture fait 210. Je suis obligé de mettre les tiges à 25 mm du bord. La colonne est déjà armée, laquelle armature trempe dans le bloc de béton sous la colonne, et je renforcerai encore les 4 tiges par une armature externe soudée aux tiges (le principe du chainage, en fait). Pour l'humidité ce sera moins bien, évidemement, mais il y a encore le moule pvc qui assurera le coup. Encore merci pour l'aide apportée ;-) -
Haha ! c'est exactement la raison pour laquelle je suis hésitant à m'installer en montagne à la retraite. J'aimerais en théorie, mais le froid et la neige .... brrrrr. En attendant, la montagne à la belle saison, y a rien de mieux. Yapa une plage qui peut entrer en compétition (oui, bon, là, je vais pas me faire des amis dans le Languedoc 😉 )
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Quelle chance d'habiter là-haut à l'année !
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Question tige filetée en sortie de colonne bétonnée ...
cmltb612 a répondu à un sujet de cmltb612 dans Les bricoleurs
Oui, oui, je le savais. Merci Polo. Mais tu as raison d'insister. Du coup, je pensais mettre des tiges de 700mm hors colonne, mais je vais ramener à 600. 😁 Houlà, quelle réponse ! Bravo Fred, c'est du grand art. Tout est dit. Merci à toi. Tige de 1 m en entier dans le béton, à 4 cm du bord. En sus, je vais laisser le tube de pvc à l'extérieur, ça mange pas de pain. Les tiges ne devraient pas dépasser plus de 5 cm, à la louche : 1 cm pour le réglage, deux fois 1 cm pour les écrous sous la platine, et l'épaisseur de la platine. Du coup, même, le centre de l'épaisseur de la platine sera à 3 cm au dessus du béton ; difficile de faire plus court. Grand merci à tous les intervenants sur ce sujet. Christophe -
Question tige filetée en sortie de colonne bétonnée ...
cmltb612 a répondu à un sujet de cmltb612 dans Les bricoleurs
Ah ! Mais oui, bien sûr. Excellente remarque Cyrille. Je dois pouvoir régler au mieux l'horizontalité Est-Ouest, qui ne se règle pas sur la monture. Par contre, elle prend en charge la hauteur sur la polaire. Donc 4 tiges. Oh ? Tu jokes, ou bien ? On ne voit jamais ça sur des hauts de colonnes. Après, je peux mettre des tiges de 16 ou 18, et même 20 mm, pourquoi pas. C'est juste que je ne sais pas trop ou mettre le curseur. 4 tiges de 18 mm ? -
Question tige filetée en sortie de colonne bétonnée ...
un sujet a posté cmltb612 dans Les bricoleurs
Salut les astrams, Lentement mais surement, l'abri astro se termine, du moins pour la phase construction gros oeuvre. Après il y aura l'aménagement intérieur ... D'ici la fin du mois, je vais finir de couler le béton de la colonne. Intuitivement, j'allais planter 3 tiges filetées de 14mm, dans une colonne de 300 mm, y placer un disque de 8 mm d'épaisseur en acier, diamètre 280, et dessus visser l'embase de la monture. En théorie, il faut que ça ne plie pas sous une charge de 90 à 100 kg, soit la monture avec ses contrepoids à pleine charge (on ne sait jamais, si un jour je vois passer un T1000 aux petites annonces) ; en attendant, la charge fait 70 kg, monture + tube + contrepoids et tout le fourbi qui va avec. En regardant un peu à droite à gauche, je vois parfois 4 tiges filetées sortir des colonnes. Ce qui me laisse plutôt perplexe. J'aurais raté quelque chose ? Il me semblait que trois points c'était nécessaire et suffisant. En plus, quatre points, je vois pas trop comment ça peut se régler facilement sans être bancal. Mais je me trompe peut-être ... Du coup, vos retours d'expérience me seraient précieux. 3 tiges ? 4 tiges ? 14 mm, ça semble assez costaud, mais bon ... des avis ? Vous avez fait comment ? Et sinon, 8 mm d'épaisseur d'acier, sur des tiges de 14, pour un disque de 280mm avec 100 kg dessus, ça le fait ? Je peux aussi bien commander un disque de 10 mm, ou 12, ça ne sera pas dix euros de plus. Ce sera juste un peu plus long à percer. MErci par avance de vos avis. Bon cieux, Christophe -
Du tout, les gars. J'ai eu Dave Herald au téléphone hier soir ; en fait, ils travaillent sur une nouvelle version d'Occult, et ils ont fait des essais de projection laser sur la voute céleste. C'est le futur de l'astro. Le visuel et les optiques, c'est fini, à terme.
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T Coronae Borealis (T Crb). Une étoile qui explose tous les 80 ans ? Le comportement de cette étoile intrigue, et c'est le moins qu'il y ait à en dire, depuis près de 160 ans. La nova la plus brillante de l’ère moderne, qui est entrée en éruption en 1866, puis en 1946, devenant ainsi visible à l’oeil nu, tel un nouveau diamant dans la constellation de la Couronne Boréale, en atteignant la magnitude 2, s’apprête-t-elle à « exploser » de nouveau en 2024 ? Un certain nombre d’indices le laissent à penser, et pas mal d'astrophysiciens sont même prêts à parier leur chemise là-dessus. LC en 1945-46. AAVSO La reconstitution et l'analyse de la courbe de lumière, adaptée aux standards actuels en V et en B, à partir de plus de 100 000 mesures de magnitude effectuées entre le milieu du dix-neuvième siècle et 2013, archivées dans la littérature astronomique, et à partir de dizaines d'autres milliers de points récoltés dans les data de l'AAVSO sur les deux dernières décennies, associées à une compréhension désormais plutôt bonne de l'évolution stellaire, ont permis de mettre en évidence un large faisceau de présomptions dans le comportement de l'étoile … qui amènent à la grande question de l'année, en quatre mots : pétéra, ou pétera pas ? Si tel est bien le cas, la star de l'année, le feu d'artifice qui remportera tous les Oscars à la prochaine cérémonie, ce sera elle, comme en 1987, la fameuse supernova du Grand Nuage de Magellan. Un point détaillé sur cette étoile, sur ce fil : Les derniers articles parus dans la sphère scientifique ne tablent plus sur le fait qu'il y ait explosion de la nova à terme, mais sur celui de poser la date à laquelle cela va se produire. En voici quelques-unes : Munari et al. (2016) : éruption en 2025.5±1.3 Luna, Sokoloski, Mukai et Kuin (2020) : éruption en 2026±3 Maslennikova,Tatarnikov et al (2023) : éruption en janvier 2024 Schaefer, Kloppenborg et Waagen (2023) : éruption en 2024.4±0.3 (soit entre le 6 février et le 11 septembre 2024) La dernière alerte en date est donc celle émise par l'AAVSO, qui annonce l'apparition de la nova le plus vraisemblablement ce printemps. Mais quand ? Dans le semaine qui vient ? La nuit prochaine ? En mars ? Ou sera-ce plutôt en septembre ? L'année prochaine ? Va savoir, René. https://www.aavso.org/news/t-crb-pre-eruption-dip LC AAVSO. Le creux en W, synonyme de l'arrivée de l'éruption. Je surveille l'étoile depuis début janvier à chaque occasion. Ça se fait bien avec une simple paire de jumelles, et à l'oeil nu, bien sur. Elle est visible, ou elle ne l'est pas. Avec des 10x50, on voit très bien la zone où elle est située, sous un ciel moyen, mais sans apercevoir l'étoile, actuellement vers mag 10. En revanche, elle est très bien vue dans une paire de jumelles 11x70. La constellation est visible en seconde partie de nuit pour l'instant, mais elle se lève chaque jour un peu plus tôt, et la situation s'améliore rapidement avec les semaines qui passent. En imagerie, on a bien l'étoile (à magnitude 10) avec un objectif de 50 mm en deux minutes de pose à 5.6. La définition est suffisante pour des images souvenir, mais insuffisante pour produire une photométrie correcte à cette éclat. Par contre, si le feu d'artifice devait advenir, le champ serait correct pour avoir de bonnes étoiles de comparaison (ne pas oublier de défocaliser largement pour éviter la saturation des étoiles) Pour obtenir des informations rapidement, et presque en temps réel, la solution, est de s'abonner aux forums de l'AAVSO. La BAA dispose également d'une mailing-list d'alerte sur Groups.IO : https://groups.io/g/baavss-alert L'AFOEV a peut-être aussi un système d'alerte rapide, et un système de messagerie pour ses membres, mais je l'ignore. Dans tous les cas, si cela explose : taïaut ! La phase d'éruption ne dure que très peu de temps. En 1866 et 1946, on n'a pas pu apercevoir la phase de montée en éclat, et la décroissance en luminosité, une fois le maximum atteint et l'étoile découverte, s'est faite au rythme d'environ une demie magnitude en moins par tranche de 24 heures. En une semaine, plus ou moins, la nova n'était plus visible à l'oeil nu. Il apparaît néanmoins qu'une surveillance étroite de l'étoile dès à présent, dans la continuité de ce qui se fait depuis plus d'un siècle, et très important pour la connaissance du phénomène. Y aura-t-il d'autres signes avant-coureurs que ceux que l'on a détectés a posteriori sur les courbes de lumières datant des années 1940 ? Des soubresauts dans les jours, les heures précédent l'éruption ? Des fluctuations pendant la montée en éclat, au moment du maximum ? Pendant la redescente ? Les spectroscopistes seront à l'évidence aux premières loges pour produire des documents d'une importance capitale pour la compréhension des mécanismes stellaires à l'oeuvre. Pour ma part, le jour J, je n'hésiterai pas à poser trois ou quatre jours de repos et à traverser le pays pour avoir une trouée dans la couche nuageuse, si nécessaire. Il s'agit clairement du phénomène astronomique d'une vie. Après avoir largement étudié les courbes de lumière depuis 1866, malaxé du marc de café en quantité, et questionné un plat de tripes à la graisse d'uru, je tablerais volontiers sur la période allant du 05 au 20 avril 2024 pour l'éruption, si la courbe de lumière est à ce point reproductible d'une éruption à l'autre. Qui vivra verra;-) Je propose qu'on utilise ce fil pour partager des infos, des alertes, et des observations. Bonne chasse à la nova, Bons cieux, Christophe Cartes de champs, avec magnitude pour estimation visuelles (AAVSO)
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T CORONAE BOREALIS, 1866, 1946, 2024 ? Etoile extraordinaire. Une version plus complète de ce texte est disponible à cette adresse, qui comporte un épilogue et de nombreuses illustrations supplémentaires : https://millimagjournal.wordpress.com/t-coronae-borealis/ Dans toutes les bonnes histoires, il y a un personnage au centre de l'intrigue : une héroïne au grand coeur, un individu au front haut, baigné dans la lumière dorée d'un soleil couchant. Ou dans celle non moins photogénique d'une chandelle vacillant dans l'air un peu instable d'un cabinet de travail encombré de livres, tandis que les pages de quelque atlas sont tournées frénétiquement. Une figure de légende. Admettons. 12 mai 1866. Hameau de Milltown, sept miles au nord de Tuam, Comté de Galway. Un homme de grande taille, modeste propriétaire terrien, magistrat et fin lettré, musicien, linguiste et mathématicien à ses heures, géologue, observateur acharné de la nature et passionné de la chose scientifique en général, sorte de génie universel aux yeux de ses voisins et contemporains, maigrelet - car mal nourri, mais fier et droit, autant qu'il est possible, dans cette Irlande du milieu du 19ième siècle sous domination anglaise, affaiblie par les famines successives et les exodes massifs qui en ont résulté. Des temps difficiles pendant lesquels, comme des millions d'autres de ses compatriotes, l'homme aura fui son pays natal pour se réfugier à Berlin, où il n'aura finalement pas précisément perdu son temps, puisque cet exil forcé et ces années estudiantines passées en Prusse lui auront permis de conforter une insatiable curiosité, de se forger une solide culture scientifique, et de rencontrer certains des esprits les plus brillants de son temps – Johann Encke et Alexander von Humbold, notamment. La journée a été venteuse et un ciel sombre aura empêché le soleil de se montrer. Il aura plu à torrent pendant toute la matinée, et dans l'après-midi encore, très probablement. Aux coups de boutoir venus de l'océan succèdent les coups de boutoirs venus de l'océan. C'est ainsi par ici ; les vies et les âmes sont mouillées. L'homme s'est rendu en ville pour affaires. Pour rendre quelque avis, peut-être, dans une affaire dans laquelle son expertise aura été sollicitée. Ou pour rencontrer des amis, passer la soirée autour d'une pinte de cidre, discourir aimablement, puis jouer aux fléchettes chez Seán ou Kerry. Appelons-le John Birmingham. Il a cinquante ans, désormais, et il n'est plus aussi jeune que cela. Mais qu'importe ! C'est un passionné. L'ingénierie, la géologie, on l'a déjà dit, et le ciel, les étoiles, surtout, ce grand nocturne pas tout à fait noir qu'il aime à scruter avec son telescope, chaque fois que c'est possible, un instrument humble mais de qualité suffisante. Une petite lunette qui grossit 25 fois. Le mouvement des planètes, les comètes de passage – qui ne se souvient de l'extraordinaire comète de Donati de 1858 ?, et ces astres à la brillance variable, également, dont on discute désormais de plus en plus souvent dans les gazettes scientifiques et les bulletins consacrés à l'astronomie que l'homme se procure à grands frais. S'il avait pu penser que la voûte céleste se serait ouverte ce soir, il serait rentré plus tôt, au lieu de noyer sa soirée dans la stout. Mais non ; les cieux de l'ouest irlandais ne sont pas de ceux que l'on peut décrypter facilement, et rien n'aura pu lui laisser à penser, dans l'après-midi, qu'il aurait pu sortir son telescope le soir même, tant le ciel était bas encore ; ainsi va la vie. Alors il sera resté plus que de raison en bonne compagnie, jusqu'au moment où il sera sorti, et aura constaté que le ciel s'est défait de l'essentiel de ses nuées. À la hâte, Birmingham se dirige vers Millbrook House, sa demeure. Un demi mile à parcourir en sortant du village, en direction du nord. Un gros quart d'heure. La température a sensiblement fraîchi tandis que les vents tournaient au nord. L'air est demeuré humide, toutefois, et les arbres dégouttent. Sur l'horizon nord-ouest, les derniers feux du couchant n'en finissent pas de s'étioler. L'été approche. Il est plus de 11.30 pm. Le temps d'arriver au cottage, il ne sera pas loin de minuit. Une nuit d'observation entière se profile. Réjoui par l'aimable perspective, un sourire aux lèvres, l'homme se frotte les mains, autant pour marquer son agrément que pour se réchauffer un peu. De la buée sort de sa bouche, comme en plein hiver, ce qui l'amuse beaucoup. Quelle nuit ce sera ! La nouvelle Lune est pour demain soir, aussi la nuit promet-elle d'être longue et totalement noire. Magnitude 7 à l'oeil, nu facilement, pour une pupille aussi perçante que la sienne. La Polaire droit devant lui. La Petite Ourse très haute dans le ciel. Au zénith, les Chiens de Chasse, la constellation au sein de laquelle William Parsons, troisième comte de Rosse, à transformé une très faible lueur floue découverte par Messier au siècle précédent, et connue désormais sous le matricule M51, en énorme tourbillon de lumière, donnant ainsi un sens nouveau à la définition du mot « nébuleuse », avec son gigantesque télescope de six pieds de diamètre, le très fameux Léviathan, véritable monstre des âges modernes, au miroir de bronze pesant rien moins que trois tonnes, à ce que l'on murmure dans les journaux, le plus grand télescope de Newton du monde. Parsons, qui a installé son observatoire à Birr Castle, dans le comté d'Offaly, à même pas 65 miles d'ici. Le plus gros télescope du monde ! En Irlande ! Au nez et à la barbe des englishs de Greenwich, Rule Britannia !,qui prétendent édicter leurs lois jusques ici-bas, et dans les cieux. S'il en avait le culot, Birmingham, il sait bien ce qu'il ferait : il irait payer une visite à Lord Rosse un de ces prochains jours, sous un prétexte ou sous un autre, une quelconque ordonnance à transmettre à My Lord, une signature à quémander à l'un de ses secrétaires, dans une affaire de transmission de terres, un héritage dans ce comté-ci ou dans celui d'à côté. Il trouverait bien un prétexte. Une gageure. Trois jours à cheval, pas de tramway, évidemment. Sauf à se rendre d'abord à Galway, puis à attraper une voiture ensuite pour filer vers Dublin, dans l'est. Mais pour aller où ensuite ? Aucune ligne vers Parsonstown, bien évidemment. Le bout du monde terrestre, et le centre du monde céleste tout à la fois. Alors à cheval. Et que lui glisserait-il, à My Lord Rosse, dans la conversation ? Que les étoiles, il les connaît mieux que le fond de sa poche, lui aussi. Et alors, entre gens passionnés, on se comprendrait. On s'épaulerait, on s'inviterait. Il m'inviterait. Lord Rosse, m'inviterait, histoire de tâter un peu de M51 au bout du Léviathan. Lui, John Birmingham, le tout petit landlord de Milltown, comté de Galway. Au bout du Léviathan. Avec Lord Rosse. Tiens, oui, pourquoi pas ? Sa première observation de la nuit, aussitôt arrivé à Millbrook Estate : braquer le petit réfracteur vers le zénith, afin d'observer encore la formidable nébuleuse de Parsons, qui n'est qu'une tache informe et difficile dans sa lunette. Il faudra penser à rehausser le trépied, ce qui nécessitera un peu de temps, bien sûr, et rendra l'instrument un peu instable, parce que braquer ainsi l'oculaire vers le zénith, ce n'est guère aisé. L'oculaire serait mal placé, et ses cervicales, qui sont bien mal en point depuis quelques années déjà ne le lui pardonneraient guère. Mais qu'importe ! Hâter le pas. Un renard attire son attention quelque part sur la gauche, qui vient à traverser la route un instant plus tard, presque à passer devant ses bottes. John Birmingham le suit des yeux, qui coupe maintenant à travers pâtures, et enjambe murets de pierres après murets de pierre, avec une agilité sans borne, se déplaçant de l'ouest vers l'est, puis qui se faufile vers le sud, afin de traverser au plus court une haie, allez savoir, au travers d'un trou dont il a seul le secret. Il fait nuit noire désormais, mais Birmingham y voit presque comme en plein jour. Comme arrêté dans son élan par un impérieux émerveillement naturaliste, suivant goupil des yeux, l'homme en est venu à porter ses regards vers le sud, puis à scruter cet azimut qu'il avait dans le dos jusqu'alors. Saturne est presque au méridien, assez bas, à vingt-cinq degrés de hauteur tout au plus. L'image des anneaux, minuscules, mais comme ciselée par un joaillier téméraire, qui le trouble à chaque fois, mieux que jolie femme dans ses plus beaux atours, serait aimable, mais par trop tremblante. Trop de vents encore. Trop basse. Il ne perdra pas son temps à la détailler cette nuit. Il y a plus intéressant. Un peu plus haut, le Bouvier. Et tout à côté, La Couronne Boréale, et puis Hercule. Ou ce qu'il prend pour la Couronne Boréale, initialement. Car. Tiens, non. Ce n'est pas la Couronne. Elle n'a pas cette forme, d'habitude. Il doit se tromper. Ce n'est pas la Couronne. Et pourtant si, c'est bien la Couronne. Mais quelque chose. Quelque chose qui ne va pas. Il y a quelque chose. Birmingham s'est figé, haletant déjà, bien plus que de raison, totalement figé, scrutant encore, plus attentivement cette fois. Le cœur battant la chamade. La Couronne Boréale a changé d'aspect ! Une étoile nouvelle s'est invitée à côté d'Epsilon, dont elle surpasse largement la brillance, sur la gauche de la constellation. Il n'y a pas à s'y tromper. Une étoile brillante. Très brillante. Très. Dont la grandeur atteint celle d'Alpha Coronae Borealis, tout bien considéré. Magnitude deux et demie au moins. Peut-être même magnitude deux. De mémoire, il ne saurait l'affirmer définitivement ; il ne connaît pas la grandeur de toutes les étoiles du ciel par coeur, mais il sait parfaitement en estimer une en cas de nécessité. Et il est certain que cette étoile nouvelle égale au moins, en grandeur, l'étoile Alpha. L'astronomie, c'est toute sa vie. Une seconde nature. Pensez donc. Une nouvelle étoile dans la Couronne Boréale. Une étoile nouvelle. Pas une planète. Cela ne fait aucun doute. Il n'y a aucune planète dans ce coin-là du ciel. Quelle affaire ! Il vérifiera ses cartes aussitôt rentré à la maison. Il feuillettera ses livres et ses éphémérides. Et ce sera tant pis pour la nébuleuse de Lord Rosse. Tant pis. Se hâter. Se hâter. Vite. Se hâter, et braquer le telescope vers l'astre nouveau. Une découverte majeure. John Birmingham a vérifié dans ses livres, il n'en était nul besoin, parce qu'il le savait déjà, parce que tout astronome digne de ce nom, fût-il simple amateur, le sait : la dernière étoile nouvelle apparue dans le ciel remonte à 1604, l'année où Kepler, pour tout dire, a observé et étudié, avec subtilité, puissance, détails et irréfutabilité, un astre similaire apparu soudainement dans la constellation d'Ophiuchus. Un pavé dans la mare, alors, qui avait jeté le discrédit sur les partisans de l'aristotélisme, en contribuant à nier en bloc la structure immuable du Monde, et celle des Cieux, au grand dam de l'Église, laquelle s'était empressée alors d'accabler Galilée, faute de pouvoir régler son compte à Kepler, sur le simple fait que ce qu'il avait annoncé avoir observé, lui, l'Italien de Florence, dans son ridicule trompe-l'oeil de grossissement 5x, une lunette jouet pour enfants capricieux, personne d'autre que lui ne pouvait le voir, et surtout pas le menu peuple des croyants. Tandis que la nova stella de Kepler, comment la nier ? Une découverte majeure. Alors, elle est là devant John Birmingham, cette étoile nouvelle, cette nova stella, et dans l'oculaire de son petit réfracteur. D'une brillance supérieure à celle de l'étoile principale de la constellation dans laquelle elle ose à se montrer, soit quelque chose comme la deuxième grandeur, Alpha de la Couronne brillant à la magnitude 2.2. Parfaitement immobile dans les cieux, même observée avec un grossissement de 25 fois, et blanche, pour ainsi dire, avec une très légère nuance de bleu. Et puis stable, également, en éclat, aucune variation de brillance ni flashs d'aucune sorte n'étant détectés pendant les deux heures pendant lesquelles l'homme peut observer. Mais le ciel irlandais, hélas, est un ami constant sur lequel on peut aisément compter, surtout si l'on est épris de la chose nuageuse, ce à quoi l'astronome amateur n'est guère intéressé. Rapidement, les vents reviennent à l'ouest, poussant des vapeurs océaniques jusque dans l'intérieur des terres, tandis que les cieux se referment sur une observation qui laisse Birmingham aussi enthousiaste que sidéré. Que faire ? Rester les bras croisés dans l'attente que les étoiles veuillent bien se montrer encore la nuit suivante ? Bien sûr. La chose à faire. Attendre une confirmation. Avec une coup de chance, peut-être ? Deux nuits consécutive de ciel transparent. Rarissime, mais pas impossible. Seulement voilà : autant espérer que les récoltes de pommes de terre seront bonne cette année, une fois pour toutes, ou que Miss Mary Abigail Byrne accédera enfin à ses désirs de mariage dans la semaine, dans les trois jours qui viennent. Répandre la nouvelle alors ? Bien évidemment. Répandre la nouvelle. Sans perdre une minute. Mais à qui écrire ? À Birr Castle ? Peut-être … Mais Lord Rosse est âgé, maintenant, son heure de gloire est passée, et ce n'est plus lui le président de la Royal Society depuis longtemps. Il n'observe sans doute plus, qui plus est. Et puis de toute façon, il réside à Londres à l'année, désormais, c'est bien connu, où il siège à la chambre des Lords le plus clair de son temps. Jamais il n'écouterait ce qu'aurait à lui dire un astronome amateur démuni du comté de Galway, quand bien même. Il a mieux à faire avec ces Messieurs de la Couronne d'Angleterre. Dunsink, alors ? L'observatoire de l'Université de Dublin ? Ils ne l'écouteraient pas davantage, là-bas. Ou dans le meilleur des cas, ce sont des Irlandais, tout de même, sa lettre serait lue puis laissée sur un coin de bureau en attendant que le ciel se dégage sur l'Irlande, ce qui pourrait bien prendre une semaine ou deux, allez savoir. 50 à 60 nuits observables par an au-dessus de la lande, ce n'est vraiment pas beaucoup. Ils voudront vérifier, avant d'ébruiter l'affaire, ce qui est bien normal. Personne là-bas ne se risquerait à jouer la réputation d'un établissement aussi prestigieux que Dunsink en pariant sur les compétences d'un paysan astronome dont le seul fait d'arme est de rédiger à l'envi de minuscules chroniques astronomiques dans un newspaper aussi … fabuleux que le très local Tuam Herald. Viser plus loin, donc. La Royal Astronomical Society, alors ? Greenwich ? Non. Les péquenots d'Irlande de l'ouest n'y ont aucun droit à la parole, de toute évidence. Spécialement ceux qui résident à l'ouest de la rivière Shannon ; les bouseux. Ceux de Dublin, encore … Et puis de toute façon, ces messieurs de l'Observatoire Royal ne sont que beaux parleurs engoncés dans leur suffisance, qui passent leurs journées à calculer ceci ou cela dans le but unique de faire paraître leur nom dans les Monthly Notices. Savent-il seulement qu'il existe une science en devenir au-delà du micromètre ? Savent-ils seulement ce que c'est qu'un oculaire et que le seul mouvement des astres n'est pas tout ? Berlin ou Königsberg, alors ? Birmingham y connaît du monde, c'est certain. Y connaissait, serait-il plus judicieux de dire. C'était il y a si longtemps, tout cela. Plus de vingt ans. Et puis combien de temps pour envoyer un pli à Berlin ? Dix jours, au bas mot. Trop long. Demain la nova aura éclaté au grand jour et sera visible de tous, dans le monde entier. Ou elle aura déjà diminué et sera en passe de disparaître. Il n'est plus de temps à perdre, dorénavant ; il faut décider, rédiger un courrier et s'empresser d'aller le porter à Tuam, où il aura une chance de partir à la première heure, dès ce dimanche soir, ou lundi. Il se trouvera peut-être même un coursier en partance pour Galway qui acceptera d'emporter le ou les précieux plis directement à la railway station, où un train en partance pour Dublin pourrait lui donner une chance de plus d'être lu à temps. Ce sera donc le London Times – une chance sur deux qu'ils s'allument un cigare avec la missive, là-bas, sans même la lire, mais dans le cas contraire, le rayonnement du journal dans le monde assurerait à la découverte de la nova stella un retentissement suffisant, et un suivi convenable : « Un très honorable Gentleman Farmer, savant astronome de Tuam, en IRLANDE, découvre la première étoile nouvelle dans le ciel depuis plus de 250 ans ! ». La première page, la plus grosse manchette, la gloire ! Le nom de Birmingham désormais inscrit à jamais dans les livres de science et les encyclopédies, à côtés de ceux de Copernic, Kepler et Galilée. Et, incidemment, la fin de ses soucis pécuniaires, également. Quelle aventure ! L'homme aurait ainsi accompli son devoir d'humble observateur, à n'en pas douter. Et puis écrire à Tulse Hill Observatory, également. Une autre lettre, rédigée le lundi matin. Après y avoir réfléchi davantage, la nuit portant conseil. Ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Surtout quand on en a peu. Envoyer une lettre à Tulse Hill Observatory, à Londres, où sévit le phénoménal William Huggins, un amateur, tout comme lui, mais très fortuné, contrairement à lui, qui est en passe de révolutionner la science astronomique, rien moins que cela, au moyen de la spectroscopie, et qui très certainement, s'intéressera à ce qu'il a à dire sur l'étoile nouvelle qu'il a observée la veille dans la Couronne Boréale. Quitte ou double. « Le 14 mai 1866, Tuam, de la part d'un correspondant inconnu, un certain John Birmingham. Monsieur Huggins, Je me permets d'attirer votre attention au sujet d'une étoile nouvelle que j'ai observée ce samedi soir, qui me paraît être un objet des plus intéressants pour une analyse spectroscopique. Elle est située dans la Couronne Boréale, et elle est très brillante, environ la deuxième magnitude. J'ai envoyé une lettre au Times hier, mais dans la mesure où ce journal est peu enclin à publier des communications en provenance de cette partie du monde, je peux à peine considérer qu'il s'y trouvera une place pour la mienne. » L'attente est cruelle, ensuite. Ni le ciel ni le London Times ne daignent s'ouvrir aux desiderata de John Birmingham pendant les trois jours qui suivent. Le Times, il se le procure assidûment tous les jours, le lit, le relit, le parcourt en tous sens. Mais rien. Sa lettre a fini au panier, très vraisemblablement. Était-il seulement raisonnable d'espérer plus favorable destin pour un pli venu d'un cul de basse fosse aussi mouillé que le comté de Galway, Irlande ? Le 17 mai, enfin, apporte un peu de réconfort. L'obscurité est clémente, pour quelques heures, contre toute attente, et John peut de nouveau apercevoir l'objet de ses désirs. La nova a rapidement baissé en éclat, déjà, jusqu'à atteindre la quatrième grandeur, désormais, soit une brillance divisée par six. Mais elle est demeurée en place, ne présentant aucun aspect nébuleux de type cométaire qui lui soit observable. Une confirmation, pour le moins. Déjà ça. Il n'a pas alerté le monde pour rien. Son honneur est sauf. Le 19 ou le 20 mai, une lettre lui est enfin distribuée, en provenance de Tulse Hill Observatory, dont il déchire le cachet au plus vite. Here we are ! « Upper Tulse Hill, 17 mai 1866. Cher Monsieur, Veuillez accepter mes plus sincères remerciements pour la précieuse information que vous m'avez adressée, à propos de l'étoile nouvelle que vous avez découverte. J'ai reçu, après cela, le 16 mai également, une note du même genre de Mr Baxendell, de Manchester. J'ai examiné son spectre la nuit dernière, et viens juste d'envoyer un papier à ce sujet à la Royal Society, dans lequel je donne votre description de l'étoile. Lorsque ce papier sera publié, j'aurai le plaisir de vous en envoyer un exemplaire. Avec mes remerciements, votre serviteur, Williams Huggins » Ainsi, les choses allaient-elles se jouer ailleurs, désormais, très exactement dans les faubourgs sud de Londres, dans l'oeilleton d'un spectroscope de précision, propriété exclusive de William Huggins, un fils de bonne famille qui avait vendu, une dizaine d'année auparavant, la florissante affaire familiale de commerce de la soie dont il était l'héritier, pour construire un observatoire de premier ordre, équipé d'une excellente lunette de 5'' achetée auprès de la maison Dollond et d'un cercle méridien permettant d'atteindre la redoutable précision de trois secondes d'arc dans le positionnement des astres observés, ceci afin de pouvoir s'élever aussi haut que possible au-dessus de la piétaille. Ne plus travailler, ne plus perdre de temps à habiller ses contemporains, fût-ce avec de la soie, mais vivre chichement de ses rentes tout en étudiant le ciel. Une existence fabuleuse, isn't it ? Et quand on annonce haut … Quatre années ne s'étaient pas écoulées que l'astronome amateur, vivant de l'air du temps et de l'éclat des étoiles, avait déjà revendu son réfracteur de 5 pouces pour racheter une énorme optique de 8 pouces de seconde main (obtenue auprès d'un certain William Dawes, que les observateurs de binaires connaissent bien : la limite de Dawes, c'est lui), en provenance originelle de chez Alvan Clark of Cambridge, Massachusetts, dans le but avoué d'observer les étoiles doubles les plus serrées qui se pussent être vues à l'époque, laquelle optique serait bientôt remplacée, une fois de plus, par une autre plus grosse encore, un réfracteur de 15'', cette fois, détenu en location auprès de la Royal Society. Mais dans l'intervalle, tout avait été remis en cause, encore, et les étoiles doubles, lubie éphémère de William Huggins, jetées aux orties, suite à la publication en Angleterre du renversant papier de Bunsen et Kirchhoff relatif à l'observation des raies de Fraunhofer dans le spectre du Soleil. Le début de l'astrophysique moderne ; l'acte fondateur d'une science nouvelle dont Huggins désirait devenir le fer de lance, ni plus ni moins. Le hasard voulut que l'un des voisins les plus immédiats de notre homme – Huggins n'avait que la rue à traverser pour l'aller visiter - fut le chimiste de haute renommée William Allen Miller, pionnier de la spectroscopie chimique. Le mouvement était lancé, et les deux hommes allaient être à la pointe de cette branche nouvelle de l'étude du ciel en Angleterre, jusqu'à la disparition prématurée de Miller en 1870. William Huggins vers le début du vingtième siècle. Linda Hall Library. Mais revenons à notre nova de 1866. Le 13 mai dans la soirée, elle est découverte indépendamment par Antoine-Alphonse Courbebaisse (un nom prédestiné, semble-t-il), ingénieur des Ponts-et-Chaussées de son état, et grand ami de Camille Flammarion, à qui on laissera le soin de narrer l'anecdote dans le style inégalable qui est le sien. Il s'agit de l'une des rares observations rapportée de l'étoile nouvelle par un Français. « Un beau dimanche du mois de mai 1866 (c'était un 13, mais les chiffres n'ont plus rien de néfaste aujourd'hui), par une soirée splendide, mon savant ami l'ingénieur Courbebaisse était assis sur la terrasse de son petit observatoire de Rochefort, lorsqu'on examinant le ciel, suivant sa vieille habitude, il aperçut tout à coup dans la Couronne une étoile presque aussi brillante que la Perle, et qu'il n'avait jamais vue. Le cœur du savant palpita d'une émotion bien légitime : tout le monde sait qu'il n'y a pas deux étoiles de seconde grandeur dans la Couronne ; il regarde à deux fois, se frotte les yeux pour être sûr de ne pas rêver, et finalement constate qu'il y a là, brillant magnifiquement, une étoile certainement nouvelle. Nouvelle? De quelle date? La veille, le temps était pluvieux et l'observateur n'avait pu contempler son ciel ; mais l'avant- veille, le 11, il l'avait examiné comme d'habitude, avait également observé la Couronne, et n'y avait rien remarqué d'extraordinaire, de sorte qu'il put affirmer avec conviction que très certainement cette singulière étoile ne brillait pas là le 11. Combien les observateurs du ciel sont rares ! Sur quatorze cent millions d'humains qui peuplent notre planète, il n'y en a peut-être pas un millier qui, regardant le ciel ce soir-là, se seraient aperçus d'un changement et auraient reconnu la nouveauté de l'étoile. Et, sur ce millier d'hommes familiers avec l'aspect du firmament, il n'y en a eu que trois qui aient remarqué l'événement à son apparition. « Je courus annoncer la nouvelle à ma famille, m'écrivait le sympathique observateur. Eh ! me répliqua-t-on, ce n'est pas possible, c'est une illusion. Venez la voir vous-mêmes. Il fait trop froid. On fait toilette pour moins que cela : on ne voit pas tous les jours une nouvelle étoile. Je les entraînai sur la terrasse ; ces dames la virent comme moi ; et lorsque je leur eus montré, sur mes cartes, qu'il n'y avait, au point que je leur avais fait remarquer, aucune étoile indiquée, et que j'eus dit que c'était une découverte très rare, qu'on n'en citait guère plus d'une par siècle, on fut pris d'un grand enthousiasme. Je cherchai à le calmer en disant que tout le monde pouvait la voir comme nous, et que nous prenions seulement notre part d'un spectacle intéressant pour tous ceux qui y assistaient. Mais on me soutint que j'avais dû être seul à la voir, et que les autres ne la verraient que d'après mes indications. « S'il en est ainsi, leur dis-je, en riant, et qu'elle doive durer, nous pourrions la nommer ; je vous en fais marraines. Donnons-lui votre nom ! Mon nom ne signifie rien, et il faut lui donner un nom qui rappelle une des aspirations de l'époque. Eh bien, qu'elle se nomme Pax, la paix! Très bien! dis-je, d'autant plus qu'elle pourrait être d'un bon conseil pour une couronne boréale inquiétante pour la paix de l'Europe. Mais la pauvre Pax a été aussi éphémère au ciel que sur la terre. » Alerté par Birmingham et Baxendell, Huggins put pointer l'étoile suspecte le soir même, le 16 mai, au travers de sa lunette de 8 pouces. Pour la première fois, le spectre d'une nova allait être examiné. Alors, on ne connaissait, pour simplifier les choses, que deux types de spectres en astrophysique : les spectres de type stellaires, qui ressemblaient fortement à celui du Soleil, et présentaient des raies sombres sur fond lumineux, mais avec une infinité de variations toutefois, dans le positionnement et la quantité des raies observées, en fonction de l'étoile visée, et les spectres de type gazeux, en provenance des nébuleuses, et qui montraient exactement le phénomène inverse, à savoir un ensemble de raies lumineuses sur fond noir, tout comme celles que l'on pouvait observer en laboratoire lorsque l'on portait des gaz à très haute température. Les observations se faisaient à l'oeil nu, à l'aide d'un oculaire placé en sortie du spectroscope. « Le Dr Miller et moi-même examinèrent le spectre de cette étrange étoile. Les résultats de cette observation furent communiqués à la Royal Society le 17 mai. Le 16, l'étoile était plus brillante qu'Epsilon Coronae B, peut-être de 0.5 ou 0.75 magnitude. Ce soir-là, une très faible nébulosité était visible autour de l'étoile, s'étendant à une courte distance, et s'éteignant graduellement sur les bords. Un examen comparatif des étoiles environnantes montra que la nébulosité était due à la nova elle-même. Les soirs suivants, 17, 18 19 et 21 mai, la nébuleuse ne fut plus vue avec certitude. Le spectre de cette étoile est vraiment très remarquable, qui amène à des conclusions inattendues quant à sa nature physique. La lumière venue de l'étoile semble composite et émaner de deux sources différences, chacune formant son propre spectre. Le spectre principal est analogue à celui du Soleil, avec une lumière comme émise par un liquide incandescent passant au travers d'une atmosphère de vapeurs à plus basse température [et il présente des raies d'absorption]. Le second spectre apparaît superposé au spectre qui vient d'être décrit. Il présente cinq raies brillantes. Ce genre de lumière est émise par de la matière à l'état de gaz. […] Ces raies lumineuses sont bien plus brillantes que le continuum du spectre devant lequel elles apparaissent. Nous devons en conclure que la température du gaz dans lequel elles ont été émises est bien plus élevée que celle de la photosphère de l'étoile d'où est originaire le reste de la lumière de l'étoile. » Il ne fut pas long temps avant que le Dr Miller ne reconnaisse dans la raie rouge, cise en position C selon la nomenclature de Fraunhofer, une émission correspondant à l'hydrogène, ainsi qu'une autre dans le vert, toujours due à l'hydrogène, en position F. Spectre de la nova 1866 observé par Huggins. Le 19 mai, l'étoile nouvelle fut observée spectroscopiquement à Greenwich vers la magnitude 5. Le spectre montrait encore quatre raies brillantes. Il fut rapidement établi que la nova de 1866 est apparue en très peu de temps. En quelques heures tout au plus. Ainsi, le 12 mai au soir, entre 8h30 et 9h45, heure locale, le Dr Johann Friedrich Julius Schmidt, alors directeur de l'Observatoire d'Athènes observait la Couronne Boréale sans rien remarquer d'inhabituel à l'oeil nu. L'étoile était donc plus faible que la magnitude 5.5. Autre fait établi : la nova n'était pas une étoile nouvelle au sens strict, puisqu'une étoile de magnitude 9.5 était déjà cataloguée au même emplacement, dans le monumental et unique catalogue de référence de l'époque, le Bonner Durchmusterung (ou BD), sous le matricule BD+26 2765, soit l'étoile numéro 2765 de la zone +26 degrés (1859-1862). La nova 1866 faiblit assez rapidement, au rythme d'une demie magnitude par jour d'abord, puis plus lentement, jusqu'à devenir invisible à l'oeil nu dès le 20 mai (magnitude 6.2). En juillet, elle avait retrouvé son éclat originel, aux environs de la magnitude 9, où elle demeura tout l'été 1866. En septembre l'étoile eut un nouveau sursaut de vaillance et remonta aux alentours de la magnitude 7.5 à 8, où elle s'entêta pendant quelques semaines encore, avant de retomber très progressivement vers la magnitude 9 en décembre, puis plus bas encore dans les mois suivants. Dans les années et les décennies qui suivirent, son éclat oscilla avec une lenteur exaspérée, globalement entre 9.5 et 10, sans plus faire parler d'elle. L'étoile nouvelle n'était pas redevenue invisible à l'oeil nu avant longtemps qu'elle avait déjà reçu une immatriculation d'étoile variable au catalogue BD, qui faisait alors autorité. Une étoile fort étonnante à l'éclat délétère ayant été détectée en 1850 dans la toute petite Couronne Boréale, à trois pas de là, et dénommée R Coronae Borealis (Crb), suivie d'une deuxième, découverte en 1860 qui présentait de très lentes variations (S Crb), ce serait donc la lettre T, selon la règle établie, qui serait attribuée à la nova de 1866 (on attribuait alors aux étoiles variables une lettre, dans l'ordre de découverte au sein de chaque constellation à partir de R, soit : R, puis S, puis T, puis U,V, W … jusqu'à Z. Puis on continuait avec RR, RS, RT etc etc) T Crb, troisième étoile variable cataloguée de la Constellation de la Couronne Boréale. Donnons maintenant, à ce point de notre récit, la possibilité à Monsieur Hervé Faye, Astronome à l'Observatoire de Paris, et membre de l'Académie des Sciences, à qui nous tendons le micro, d'édifier un semblant de conclusion – provisoire -, au sujet de cette ténébreuse affaire. « Les conjectures relatives aux étoiles nouvelles ne tiennent pas davantage devant les faits. Autrefois on ne connaissait que les étoiles visibles à l'oeil nu ; aujourd'hui que l'on construit d'immenses Catalogues de 3ooooo étoiles, on a bien des chances de pouvoir désigner la petite étoile invisible dont l'éclat s'est exalté tout à coup pour un temps très-court, et c'est ce qui est arrivé pour la dernière. Ce ne sont donc pas des formations subites. […] En résumé, les étoiles dites nouvelles ne méritent pas ce nom : leur apparition presque subite n'est qu’une exagération du phénomène ordinaire des étoiles périodiquement variables, lequel répond lui-même à de simples oscillations plus ou moins sensibles dans le phénomène de la production et de l’entretien des photosphères de toutes les étoiles. […] Quand ils se produisent ainsi avec le caractère d'intermittences irrégulières de plus en plus séparées par de très longs intervalles de temps, ils sont les précurseurs de l’extinction définitive, ou du moins de la formation d’une première croûte plus on moins consistante. C'est pourquoi les phénomènes de ce genre ne se produisent que dans les astres d’un éclat déjà très faible et n’aboutissent jamais à doter le ciel d’une belle étoile de plus. » (Comptes rendus hebdomadaires des séances de l'Académie des sciences – Juillet et août 1866) 9 février 1946. « Observé dimanche 6h45m, heure légale, nova magnitude 3,5, emplacement nova 1866, Couronne. » L'époque est à la modernité. Les messages voyagent désormais à la vitesse de l'électron dans le fil du téléphone. Mais il s'agit du même frisson de la découverte. Le télégramme n'est pas signé ; tout à son étonnement et à sa fébrilité, son auteur a oublié. Car la découverte à de quoi interloquer : la nova de 1866 est de retour. De retour ? Non. Si ! Cette fois encore, il s'agit d'un amateur, modestement équipé (une paire de jumelles assortie d'une documentation qu'il qualifiera lui-même de « rudimentaire »), qui a fait l'observation cruciale : Monsieur Rives, de Périgueux, qui la rapporte le jour même à Me Gabrielle Renaudot-Flammarion, alors secrétaire générale de la Société Astronomique de France et rédactrice en chef de L’Astronomie. L'auteur anonyme se fendra d'un courrier plus circonstancié quelques jours plus tard. En n'oubliant pas d'y adjoindre son patronyme, cette fois. Mais est-il véritablement le premier, Monsieur Rives ? Non, hélas. Mais il s'en faut de très peu. Comme un Courbebaisse quatre-vingt ans plus tôt, le hasard a voulu qu'il y eût plus prompt à répandre la nouvelle que lui, ailleurs. Armin Joseph Deutsch, par exemple. Doctorant au célébrissime Yerkes Observatory, Wisconsin, États-Unis ; il observera la même étoile en milieu de nuit, le même jour. Rapporté à l'heure de Greenwich, il est alors … 7h30 U.T. Une heure et quarante cinq minutes après Mr Rives. La nova pointe alors à la magnitude 3.2. Bien que nominé dans la catégorie « professionnelle », Deutsch devait fort logiquement être disqualifié pour le titre de découvreur. Pour autant, son nom est cité dans pratiquement tous les papiers de l'époque en tant que grand gagnant. Rives arrive bien après. Mais rendons plutôt à César ce qui appartient à César. And the winner is … Mr N. F. H. Knight, de Stoneleigh, Surrey, Angleterre, membre de la British Astronomical Association (BAA), amateur bien équipé (un réfracteur de 5'' de chez Cooke, pratiquement identique à celui que possédera John Birmingham dans ses années fastes, et du même fabriquant – un signe ? -, un autre réfracteur de 2'', et un troisième de 1'' et 5/8), variabiliste émérite (1770 mesures visuelles effectuées sur la seule année 1946 !). Knight qui, semble-t-il, faisait un peu de tourisme dans la Couronne Boréale, après avoir eu la bonne idée d'estimer R Crb, comme il en avait l'habitude, à l'aube, à cette époque-là de l'année, lorsque le ciel était dégagé. Nelson Felix Hubert – appellons-le Nelson Felix Hubert ; seules ses initiales nous sont parvenues, et ce n'est pas faute d'avoir remué la toile en tous sens pour tenter de retrouver les prénoms complets -, Nelson est donc d'abord interloqué par la présence pour le moins saugrenue d'une étoile nouvelle et brillante dans cette constellation si petite et si caractéristique qu'est la Couronne Boréale. « I was about to observe R CrB, as is my custom, I was suddenly struck – literally struck right in my eyes! – by the presence of a 3m nova in the constellation CrB » Il est 5h40, heure de Greenwich – forcément … à Greenwich. Soit cinq minutes avant l'observation de Mr Rives. Il sait. Il sait immédiatement, et intuitivement, qu'il s'agit là d'un retour inattendu de la nova de 1866, même s'il prendra la peine de le vérifier, malgré tout, un peu plus tard. La bonne étoile, au bon endroit, avec l'éclat ad-hoc. Parce que tout variabiliste, on oserait dire tout astronome un peu passionné et qui connaît son affaire, a entendu parler de cette étoile légendaire, dont l'histoire est racontée dans tous les livres se rapportant à la discipline depuis toujours. Le retour extraordinaire de la nova prodigue ! C'est le tout début du crépuscule astronomique. Le jour n'est pas encore pour tout de suite. La nuit est claire, très claire, il reste au moins une demie heure de nuit observable, et peut-être même plus, surtout si l'on observe aux instruments. Notre homme prend alors la décision de téléphoner à l'Observatoire Royal, dont il sait qu'il sera bien placé pour suivre (et faire suivre) l'affaire au plus près : ciel présentement clair, et pour cause !, il n'est localisé qu'à quelques miles au nord de Stoneleigh, instrumentation de pointe, compétences. Trouver un téléphone. Certes, les cabines téléphoniques rouges à la britannique ont commencé à fleurir un peu partout dans les rues de Londres et de sa banlieue avant guerre, mais tout de même. Ici, c'est le Surrey, à presque 10 miles du centre de la capitale. Il faut donc une bonne dose d'optimisme. Trouver une cabine dans le centre de la petite ville, un lieu public doté de l'appareil, qui fût ouvert avant le chant du coq, en 1946 – à moins que Knight eût le téléphone à domicile, ce qui est peu probable, mais qui n'est pas connu de toute façon. Cela sonne là-bas, à Greenwich. Après une longue minute, on décroche. C'est le gardien de nuit. Knight s'explique. Pas très au fait de tout cela, le watchman comprend la situation, ou du moins il s'y essaye, ou fait semblant de s'y intéresser. D'y croire. Il ne sait pas très bien ce que c'est qu'une nova, ni même une étoile variable, mais apparemment ça à l'air important. Son correspondant a pas l'air d'être un plaisantin. Surtout, il ne veut rien avoir à se reprocher, le cas échéant. Il part immédiatement chercher un interlocuteur. Un astronome, un astrophysicien, un étudiant, un technicien, un balayeur, qui on veut bien, mais quelqu'un de compétent. Nouveau (long) moment d'attente. Las, le gardien de nuit reprend le combiné. Il n'a pas trouver personne. Quoi ? Ces messieurs n'observent-ils pas ? Ils font des calculs, peut-être ? Depuis quatre-vingt ans, ils font des calculs, encore et toujours ? On ne sait pas. Quoi qu'il en soit, tous les observateurs sont au lit, et ils dorment à poings fermés. Et on ne saurait les réveiller. Il faudra rappeler plus tard. L'Observatoire ouvre à 9 heures. À 9 heures. Avez-vous bien compris ? À 9 heures, pas avant. Merci. La situation est Surrey-aliste, on oserait dit, mais c'est ainsi. Knight s'en retourne chez lui, où il peut encore estimer, sous un ciel cristallin, l'éclat de la nova à l'oeil nu jusque 6h15 : elle est alors à la magnitude 3.4. Dans l'intervalle, Monsieur Rives, de Périgueux s'étonne, et Monsieur Armin Joseph Deutsch termine quelque observation à la grande lunette de Yerkes, se préparant à sortir. Sa spécialité, son sujet de PhD, est l'évolution spectrale des étoiles naines de type A (1947). Dans les jours, les semaines, les mois qui suivirent, l'évolution de la nova de 1946 sera en tous points identique à celle de 1866. On ne pourra pas déterminer avec certitude à quel instant le début de l'éruption aura eu lieu, mais avec trois observations positives en moins de deux heures, on est enclin à penser que la surveillance était étroite ; il est dès lors permis de considérer comme probable que l'étoile n'aura pas explosé fort longtemps avant les premières observations publiées. Schaefer, 2023. En moins d'une semaine l'astre n'était plus discernable à l'oeil nu, et début mars il avait retrouvé son éclat habituel, aux environs de la magnitude 9.5. De mai à juin, il remonta lentement jusqu'à culminer vers 7.5, puis il diminua lentement pour atterrir à 9.5 en octobre. Du point de vue spectroscopique, l'éruption de 1946 présente bien à l'évidence le plus grand intérêt. C'est équipe en place à Yerkes au moment de l'observation initiale (Deutsch, Morgan et Münch) qui exposa les premières plaques. Les spectres obtenus sont compatibles avec ceux décrits par Huggins en 1866, et montrent ce que l'on connaît typiquement des spectres de novae : raies brillantes et raies d'absorption mêlées. Premiers spectres de la nova 1946, par Deutsch et al. Une étoile extraordinaire Bien évidemment, la connaissance a beaucoup évolué en 80 ans, et l'étonnement n'est plus le même. T Crb est une étoile fascinante dont le comportement a été scruté en détail entre les deux éruptions connues, puis après celle de 1946, et dont l'étude se poursuit. Le nombre de papiers qui lui est consacré augmente à un rythme que l'on qualifierait volontiers d'exponentiel ces dernières décennies, à mesure que la survenue d'une troisième éruption, à terme, se précise. La spectroscopie a été l'élément clé qui a permis de déterminer la nature de l'objet, lequel est désormais classé dans la catégorie des novae récurrentes, dont on ne connaît qu'une dizaine de représentantes, et encore ne sont-elles pas toutes du même type, ne présentent-elles pas toutes le même comportement (une demie douzaine d'exemples, selon d'autres auteurs, en fonction d'autres critères de classification). À définir les choses de façon un peu abrupte à quoi avons-nous affaire, en définitive ? Essayons de dresser le portrait de cette étoile peu banale. Un portrait qui sera, par nécessité, non exhaustif et comprendra des zones floues, tant les sujets de recherche qui lui sont consacrés, ainsi que les théories, sont nombreux, à l'instar des controverses, incertitudes et inconnues, qui sont au moins aussi nombreuses. Pour autant que nous sachions, il s'agit d'une binaire localisée à plus ou moins 900 à 1000 pc, soit un duo stellaire composé d'une naine blanche étroitement associée à une géante rouge de type M4 III, une étoile en fin de vie, l'une l'autre orbitant autour du barycentre du couple, selon une période égale à 228 jours (séparation entre les deux astres : 0.9 UA environ). À ce point associées, ces deux étoiles, que l'on qualifie le couple de binaire symbiotique. La masse totale en jeu est plutôt faible : 0.7 à 0.9 Msol pour la géante rouge, avec un diamètre plus ou moins équivalent à 70 fois celui du Soleil, ce qui en fait une étoile extrêmement peu dense, et 1.2 Msol pour la naine blanche, dont il est spécifié que cette masse amène l'étoile assez près de la limite de Chandrasekhar (il s'agit d'un rapport masse/diamètre selon lequel une étoile peut ou non se maintenir en l'état, et a contrario de la limite à partir de laquelle il y a effondrement global et contraction en étoile à neutron). La courbe de lumière de T Crb est complexe à analyser, qui présente schématiquement une modulation de type ellipsoïdale (découverte en 1975), égale à une demi période orbitale, soit 114 jours, d'une amplitude proche de 0.3 magnitude (chiffre très variable selon les auteurs, et surtout les époques considérées), à laquelle vient s'ajouter une scintillation (flickering), par nature irrégulière, voire chaotique, de 0.3 magnitude d'amplitude également, dont la fréquence peut varier du tout au tout sur un laps de temps réduit, et se comptant parfois en jours, parfois en heures, voire en minutes, ou les trois ensemble. Par variation ellipsoïdale, il faut comprendre que l'une au moins des composantes du système n'est pas totalement sphérique (ici l'étoile rouge), mais aplatie par effets de marées, ce qui induit des variations lumineuses selon la phase et l'inclinaison du système par rapport à l'observateur. La magnitude moyenne au repos (état de quiescence) se situe aux environs de 9.8 sur les dernières décennies. Mais ce n'est pas tout : il existe encore une variation secondaire, vraisemblablement imputable à la naine blanche, parce que particulièrement marquée dans les plus courtes longueurs d'ondes (le bleu et l'UV), dont la période est voisine de 55 jours. En dehors des éruptions majeures, culminant à la magnitude 2 à 3, des éruptions secondaires qui peuvent voir la nova remonter à la magnitude 7.5 ou 8 pendant 90 à 120 jours, et de l'état de quiétude, T Crb semble ne présenter un comportement d'excitation inhabituel que dans les années précédant et suivant immédiatement les pics, lequel comportement a été étudié en détail par Bradley E. Schaefer (Department of Physics and Astronomy, Louisiana State University, Baton Rouge, Louisiana, USA), comportement qui pourrait, s'il était de nouveau observé dans un avenir plus ou moins lointain, indiquer qu'une éruption majeure approcherait. Le conditionnel est important car, dans la mesure où seules deux éruptions majeures ont été observées, dont la première avec des moyens somme toute assez rudimentaires, et bien évidemment uniquement en phase descendante, il est difficile de conclure. Bradley E. Schaefer pense qu'une montée en éclat de la variable (la courbe de lumière présente alors un plateau surélevé, tout à fait caractéristique, pendant une dizaine d'années), suivie bientôt par une brusque redescente, que l'on détecte également dans les courbes de lumière, aussi bien dans la bande V que dans la bande B, est le signal qu'il faut rechercher et anticiper comme point d'alerte ultime avant une nouvelle éruption majeure. Ce signal aurait été détecté dans les derniers mois de l'année 2023 (Schaefer 2023-2024). Ceci encore : selon d'autres auteurs (Iłkiewicz, Mikołajewska, Stoyanov, août 2023), au moins sept périodes différentes seraient présentes dans la courbe de lumière de T Crb, allant de 44 à 57 jours, qui seraient imbriquées les unes dans les autres, qui expliqueraient le comportement lumineux apparent de l'étoile, périodes encore associées à d'autres, bien plus longues, qui ne se comptent plus en dizaines mais en centaines ou milliers de jours. On parle de 700 jours, 3640 jours, et même 6500 jours (Schaefer). Mais on ne détaillera pas tout ceci ; on parvient, à ce niveau-là de détails, au-delà du consensus. Quoi qu'il en soit, une grande partie de l'énergie émise par le système l'est sous la forme de lumière UV, tout au long du cycle, ce qui suggère que la source est véritablement très chaude. L'étoile présente également de très fortes variations de son spectre, avec des raies en émission ou en absorption qui apparaissent, régressent, puis reviennent au devant de la scène, presque à l'infini. Il s'agit du spectre résultant du mix de trois sources actives et variables : une géante rouge, une naine blanche, et une nébulosité indéterminée. Dans l'état d'excitation supérieur du système, tel qu'il s'est amorcé depuis 2015 et synonyme de l'arrivée d'une éventuelle éruption, les raies en émission Hγ, OIII, NIII, HeII et OIV apparaissent particulièrement mouvementées et variables. Le type spectral effectif de la géante rouge s'en trouve ainsi modifié, évoluant de M4 III vers M3 III, puis M2 III. La portion de l'étoile faisant face à la naine blanche serait essentiellement celle concernée ; on parle alors de « hot spot » (Munari, Dallaporta et Cherini, 2016). Binaire comportant une géante rouge et une naine blanche, insérérée profondément au sein du disque d'accrétion (invisible à cette échelle) Serait en jeu, in fine, un phénomène de transfert périodique de masse depuis la géante rouge vers la naine blanche, avec accrétion de matière autour de celle-ci sous la forme d'un disque en rotation. Le vrai cœur de l'action, en somme. Et le moteur des deux éruptions de type nova qui ont été observées en 1866 et 1946. Il a ainsi été calculé que la masse accrétée serait équivalente à environ 2.5 x 10-8 Msol par an, laquelle masse, accumulée pendant 80 ans, serait suffisante pour qu'une réaction thermonucléaire s'amorce en fin de compte, au contact de la naine blanche, ou plus vraisemblablement, au sein même du disque d'accrétion. Un disque dont le diamètre serait équivalent à environ 20 rayons solaires (12 millions de km), à rapporter au diamètre même de la naine blanche (10000 km, typiquement), mais dont la partie la plus interne serait, seule, véritablement active (40 000 km de rayon pour le disque interne ; Dobrotka, Hric, Casares et al, 2009). Plus précisément, car il faut bien constater que rien, absolument rien, n'est simple dans cette affaire : il convient de considérer que le phénomène d'accrétion supputé n'est pas un long fleuve tranquille qui, par sa lenteur et sa régularité expliquerait tout. Une accumulation, suivie d'une explosion à date déterminée, point à la ligne et retour à la case départ. Ce scénario simpliste ne collerait pas avec l'ensemble des phénomènes observés. Les dernières études parlent plutôt d'accrétion sensiblement irrégulière, se produisant par étape, et d'un disque d'accrétion qui présenterait des soubresauts chaotiques, avec des périodes de calme enchaînées à de brusque échauffements (sans aller jusqu'à la réaction thermonucléaire, toutefois). Des accumulations tranquilles suivies « d'énervements ». Tout ceci s'apparenterait au mécanisme invoqué pour expliquer les novae naines, un autre type de novae, moins spectaculaires mais mieux connu, et en particulier celles de type SU Ursae Majoris : des éruptions de moindre intensité dans le disque d'accrétion d'une binaire pourvu d'une naine blanche. Exactement le cas de T Crb, en fait, dont le comportement serait mixte, en quelque sorte : nova naine plus nova cataclysmique. Également, il faut prendre en compte la possibilité d'une instabilité plus grande encore de la binaire, qui apparaîtrait 60 à 70 ans environ après la dernière éruption majeure (dix ans avant l'éruption majeure). Pour des raisons indéterminées, un transfert de masse important, et entretenu, se mettrait alors en place assez soudainement, sorte d'emballement (augmentation d'un facteur 20), qui aboutirait à une forte augmentation de la production de lumière dans le disque d'accrétion, et donnerait lieu à la constitution du plateau visible dans la courbe de lumière avant les éruptions (Schaefer). S'agissant du creux observé dans la courbe de lumière juste avant l'éruption majeure de 1946, il s'agit d'un phénomène unique, non observé encore chez d'autres nova, et pour lequel il n'existe pas d'explication véritablement convaincante actuellement. Des éjectas de poussières, produits à un moment ou un autre, pourraient néanmoins expliquer l'obscurcissement du système avant l'éruption. Comme signalé un peu plus haut, Schaefer affirme qu'un tel creux est en passe de se reproduire sur les années 2023-2024 et que l'éruption majeure est très proche. Nous saurons bien assez tôt à quoi nous en tenir à ce sujet. Schaefer 2023. Attention : les deux schémas n'ont pas la même échelle temporelle. Dernier point : pourquoi une remontée en éclat une centaine de jours après l'éruption majeure ? Une étude publiée en décembre 2023 réinvestit la thèse du « hot spot », créé par « simple » irradiation de la géante rouge face à naine blanche, et par la naine blanche dont la température de surface atteint les 200 000 K, qui exercerait ensuite une sorte d'effet miroir en renvoyant de l'énergie vers l'extérieur (Munari, INAF Astronomical Observatory of Padova, Italie). Quelques prédictions pour la date de la prochaine éruption : Luna, Sokoloski, Mukai et Kuin (2020) : éruption en 2026±3 Maslennikova,Tatarnikov et al (2023) : éruption en janvier 2024 Schaefer, Kloppenborg et Waagen (2023) : éruption en 2024.4±0.3 L'observation de T Crb – la nova la plus brillante de l'époque moderne !, au cours des semaines et des mois à venir, et durant les prochaines années, promet d'être passionnante. Même s'il n'est absolument pas certain que l'étoile puisse faire preuve de mansuétude au point de se complaire aux désirs des astronomes les plus prétentieux, qui la voient exploser bientôt, et de se montrer alors sous ses plus lumineuses parures – tout ceci n'est que conjecture, à preuve du contraire. L'amateur, qu'il soit variabiliste adepte de la méthode visuelle, photométriste débutant ou confirmé, ou spectroscopiste, est bien placé pour effectuer un suivi complet en longitude et obtenir des observations de grande valeur scientifique, qui seront conservées précieusement et alimenteront les chroniques pendant des siècles. À défaut, et dans l'attente de l'éruption tant attendue de T Crb, il est toujours possible de se faire les dents, au passage, sur R Crb, autre variable d'intérêt considérable, qui loge à deux pas de là, de l'autre côté de l'étoile Epsilon Coronae. Le simple curieux ou le photographe amateur de belles images rares se devra de profiter de son ciel illico, dès l'annonce d'une éventuelle apparition de T Crb, car le phénomène est de courte durée : une semaine de visibilité à l'oeil nu au maximum. Un point à éclaircir, qui n'est pas évoqué dans les compte-rendus publiés en 1946, serait sans doute de déterminer si oui ou non, la nébulosité observée par Huggins en 1866 autour de la nova dans les jours qui suivirent son apparition peut de nouveau être observée. Il ne fait guère de doute que l'étoile soit enveloppée d'un cocon de matière éjectée lors de précédentes éruptions. Je dors depuis quelques temps avec une paire de jumelles de 70 mm sous l'oreiller, et l'APN est prêt à être dégainé à la première lueur un peu suspecte qui se montrera au travers des nuées. Et vous ? ____________________ Bibliographie Belczynski, Mikolajewski : On the nature of the recurrent nova, Astronomical Society of Pacific, vol 137, 1998 Belczynski, Mikolajewski : New binary parameters for the symbiotic reccurent nova T Coronae Borealis, MNRAS vol 296, 1998 Birmingham : The new variable near e coronae, MNRAS vol 26 JUNE 1866 Birmingham : The Red Stars: Observations and Catalogue, The Transactions of the Royal Irish Academy, 1879, Vol. 26, Science (1879) Dobrotka, Hric et al : Searching for flickering statistics in T CrB, MNRAS, 402, 2010 Faye : Remarques sur les étoiles nouvelles, Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie des sciences 1866, Gallica, 1866 juillet et août Flammarion : Les étoiles et les curiosités du ciel, 1882 Flammarion : Mémoires biographiques et philosophique d'un astronome, 1911 Haschenberg, Wellmann : Das Spektrum und die Lichtkurve der Nova T Coronae borealis 1866 während ihres Maximums, 1938 Huggins, Miller : On the spectrum of a new star in corona borealis, 1897 Iłkiewicz, Mikołajewska, Stoyanov : Symbiotic Star T CrB as an Extreme SU UMa–type Dwarf Nova, APJ letters 953, 2023 Knight : Proceedings of observatories, MNRAS vol107 1947 Luna, Mukai et al : Dramatic change in the boundary layer in the symbiotic recurrent nova T Coronae Borealis, A&A 619, 2018 Luna, Sokoloski : Increasing Activity in T CrB Suggests Nova Eruption Is Impending, APJ letters 902, 2020 Marriott : The association’s awards and medal, JBAA, vol 110, 2000 Maslennikova, Tatarnikov et al : Recurrent symbiotic nova T Coronae Borealise before outburst, Arxiv, Astro-Ph, 2023. Mc Laughlin : Note on a Supposed Earlier Maximum of Nova T Coronae 1866, 1939 Mohr : A star in the western sky : John Birmingham astronomer and poet, 2004 Mohr : John Birmingham of Tuam, a most unusual landlord, Journal of the Galway archeological and historical society, vol 46 1994 Morgan, Deutsch : The spectrum of T conoae Borealis at its 1946 outburst, APJ, vol 106, 1947 Munari, Dallaportac, Cherini : The 2015 super-active state of recurrent nova T CrB and the long term evolution after the 1946 outburst, Arxiv, Astro-PH, 2016 Munari : The secondary maximum of T CrB caused by irradiation of the red giant by a cooling white dwarf, Arxiv, Astro-PH, 2023 Munari : The ”super-active” accretion phase of T CrB has ended, Arxiv, Astro-PH 2023 Pettit : The light-curves of T Coronae Borealis, Astronomical Society of Pacific, 1946 Rives : Réapparition de la Nova T Coronae Borealis (1866), L’Astronomie vol 60, SAF, 1946 Schaefer : The recurrent nova T CrB had prior eruptions observed near December 1787 and October 1217 AD, Journal for the History of Astronomy, 2023 Schaefer : The recurrent nova T CRB did not erupt in the year 1842, The Observatory, 2013, vol. 133 Schaefer : The ? & ? Light Curves for Recurrent Nova T CrB From 1842–2022, the Unique Pre- and Post-Eruption High-States, the Complex Period Changes, and the Upcoming Eruption in 2025.5±1.3, MNRAS, Preprint 2023 Schaefer : Comprehensive photometric histories of all known galactic recurrent novae, APJ supplement series, vol 187, 2010 Scheiner : A treatise on astronomical spectroscopy, Ginn & Company, 1898 Schmidt : Schreiben des Herrn J. F. Julius Schmidt, Directors der Sternwarte in Athen, an den Herausgeber astronomische Nachtrichten 1867 Toone : The historical outburts of T Coronae Borealis revisited, BAA, varibale star section circular num 138, 2008 La Nova T Coronæ Borealis 1866, L’Astronomie vol 60, SAF, 1946 T coronae Borealis, & misc, Nature, vol 157, 1946 The spectrum of T Cor Bor, Sky and Telescope, April 1946
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Oui, c'est galère quand on se connecte à WA ; il y a un temps de latence phénoménal avant d'avoir la main. Mozilla m'envoie un message à chaque fois : le programme ne répond pas, voulez-vous fermer etc etc. Bon en tout cas, merci pour les réponses, les gars, ça prouve que c'est bien mon IP qui sent le gaz. Pour avoir l'actu rapidos, c'est balot ... Christophe
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Salut tous, Quoi de plus intéressant pour se tenir au courant de l'actualité que de jeter un oeil sur l'Astronomer's Telegram de loin en loin, ou plus fréquemment si affinités. https://astronomerstelegram.org/ Seulement voilà : la bête est coriace. Depuis un moment, mon IP semble boudée par le bouzin. J'ai contacté les dits Editors il y a quelques jours, mais ces gens-là ne semblent ni pressés de répondre, ni de me redonner accès à leur marchandise. Pareil quelque soit le pc auquel je me connecte, ou via android sur le smartphone. Est-ce que le même écran s'affiche depuis chez vous ? Cela vous est déjà arrivé ? Free to read, qu'y dit l'aut'. Free to read. Hummm. Merci par avance, Christophe
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・Un filtre UHC en observation visuel, c'est nécessaire ? ?
cmltb612 a répondu à un sujet de KintoAstro dans Matériel pour le Visuel Assisté
Ouhla oui ! Désolé pour la bourde, merci de m'avoir corrigé. Il ne faut jamais faire deux choses en même temps. Le UHC bande étroite est bien meilleur, c'est ce que je voulais dire. Il assombrit carrément le fond du ciel, mais assez peu les étoiles. Et le contraste est bien bien boosté. On peut voir des nébulosités associées à des amas stellaires bien plus facilement. Surtout, il est bien meilleur que le OIII, qui lui, assombrit trop les étoiles ; il fait double emploi, en ce sens et aussi parce qu'il laisse passer du rouge, ce que ne permet pas le OIII. Par ailleurs, le OIII (j'ai un lumicon) a tendance à rendre les étoiles un peu zarbi selon l'angle de vision, avec des teintes rouges et vert clignotantes qui sont pas mal génantes, je trouve. -
・Un filtre UHC en observation visuel, c'est nécessaire ? ?
cmltb612 a répondu à un sujet de KintoAstro dans Matériel pour le Visuel Assisté
Il faut préférer le filtre UHC E, bien plus efficace. -
Courage ! On y parvient. Je suis en passe de terminer le mien. Cela prend du temps, car à chaque étape il faut réinventer la roue, apprendre de nouvelles techniques, la maçonnerie, la pose de toles bacacier, la menuiserie, consulter youtube à tout va, se renseigner sur les matériaux, concevoir sur une échelle de plusieurs semaines ce qui ne prend à d'autres qu'un éclair, mais rien d'insurmontable, en définitive. Pas pire que de partir de zéro en astro après noël, suite à un cadeau, pour arriver à sortir une nébuleuse en Ha en fin d'année suivante avec une caméra n&b.
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Salut tous, On le sait depuis toujours : nos instruments ont une âme. Ce que l'on sait moins, c'est que certains d'entre-eux ont également un visage, comme tend à le démontrer une étude parue dans S&T (octobre 2020) qui est peut-être passée inaperçue par ici. Mieux que cela : certains de ces instruments auraient suffisamment de personnalité pour oser paraître en public affublés de bigoudis. Affaire à suivre. Christophe