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histoire Les chiffres mystérieux du calendrier 2011.
un sujet a posté roger15 dans Astronomie & Astrophysique
Les chiffres mystérieux du calendrier 2011. Bonjour à toutes et bonjour à tous, Certains l'ont peut-être déjà reçu, d'autres vont bientôt le recevoir, le très utile calendrier de La Poste pour 2011 (remarquez ce que je vais indiquer est valable pour tous les types de calendriers imprimés sur un morceau de carton, plus ou moins grand : celui de votre banque, celui de votre compagnie d'assurance, celui de l'entreprise ou vous travaillez, etc.). Peut-être n'y avez-vous jamais fait attention, mais il y a (généralement juste après le dernier jour du mois de février) cinq mystérieuses dénominations... Il est en effet indiqué (pour 2011) : * Épacte : 25 (épacte 2010 : 14 ; épacte 2012 : 6) ; * Lettre dominicale : B (lettre dominicale 2010 : C ; lettre dominicale 2012 : G) ; * Cycle solaire : 4 (cycle solaire 2010 : 3 ; cycle solaire 2012 : 5) ; * Nombre d'or : 17 (nombre d'or 2010 : 16 ; nombre d'or 2012 : 18) ; * Indiction romaine : 4 (indiction romaine 2010 : 3 ; indiction romaine 2012 : 5) ; Bigre, bigre !... Que signifient ces mystérieuses données ?... :?: Après avoir observé les résultats des années 2010, 2011 et 2012, en première approximation nous constatons que les chiffres indiqués pour le cycle solaire, le nombre d'or et l'indiction romaine augmentent d'une unité chaque année, certes, mais la question fondamentale est : selon quels cycles ? En revanche, pour l'épacte et la lettre dominicale, le cycle semble très hermétique !... :( Au Moyen-Age, seuls les clercs "computistes" connaissaient les "secrets du calendrier" et veillaient jalousement à ne point les révéler aux simples laïcs. Une corporation a toutefois réussi à percer le "secret" régissant les cycles de ces mystérieuses cinq données vues plus haut (à savoir : l'épacte, la lettre dominicale, le cycle solaire, le nombre d'or et l'indiction romaine) et s'en est servi pour authentifier les "lettres de change" et "billets à ordre" permettant aux voyageurs parcourant les routes de l'Europe de toucher, auprès des banquiers d'un autre pays, des espèces sonnantes et trébuchantes (en pièces d'or ou d'argent) en leur remettant une lettre de change ou un billet à ordre. Or, pour s'assurer que le document présenté n'était pas un faux, ces banquiers l'examinaient scrupuleusement en portant l'attention sur l'année d'émission (ces cinq données étaient-elles les données exactes de l'année d'émission ?) mais, surtout, l'année de péremption (généralement cinq ou dix ans après l'année d'émission) : les "faussaires" auraient beaucoup de difficultés (sauf complicité évidemment ) à indiquer les bonnes données pour l'année qui aurait lieu dans cinq ou dix ans. Bien entendu, les livres des banquiers précisant ces données étaient enfermés dans des coffres-forts ultra-sécurisés !... :be: A partir de la renaissance (au 16ème siècle) les astronomes laïcs ont commencé eux aussi à s'intéresser à l'élaboration du calendrier "romain", et surtout après la réforme dite "Grégorienne" du pape Grégoire XIII en 1582 (voir mes deux sujets sur Webastro : d'abord "La notion de calendes, nones et ides d'un mois" : http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=52072, puis ensuite "Pourquoi y a-t-il parfois certaines années un 29 février ?" http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=29327). C'est un certain Dominique François Rivard (1687-1778) qui a écrit avant la Révolution le plus important ouvrage concernant le calendrier : "Traité de la sphère et du calendrier" paru en 1768 (6ème et avant-dernière édition en 1804 - elle est numérisée par "Google Livres" : http://books.google.fr/books?id=POM4AAAAMAAJ&printsec=frontcover&dq=Trait%C3%A9+de+la+sph%C3%A8re+et+du+calendrier&source=bl&ots=JsEER3343n&sig=5cnkNg0JY3mB43tFn4_GVQuqGUc&hl=fr&ei=Q27FTNS1OpCD4Qbk4fW5Aw&sa=X&oi=book_result&ct=result&resnum=1&ved=0CBoQ6AEwAA#v=onepage&q&f=false ; 7ème édition en 1837 chez l'éditeur "Bachelier"). 6ème édition (1804) numérisée par "Archives.org" :http://www.archive.org/stream/traitdelasphree00lalagoog#page/n5/mode/1up. François Arago a, dans sa célèbre "Astronomie Populaire", paru à titre posthume, encore davantage démystifié le "comput ecclésiastique" en le détaillant complètement à l'intention des simple "curieux des choses du ciel" : Tome IV (paru en 1857), livre XXXIII "Le calendrier", pages 702 à 758. (voir : https://archive.org/stream/astronomiepopula04arag#page/702/mode/1up et plus spécialement les pages 706 à 716, voir : https://archive.org/stream/astronomiepopula04arag#page/706/mode/1up). Dans ce tome IV (paru en 1857) de son "Astronomie Populaire", les chapitres suivants nous aident à mieux comprendre les rouages mystérieux du comput ecclésiastique : - chapitre XXXV (pages 705 et 706) "Usage des nombres d'or pour fixer les dates des fêtes de l'Église" ; - chapitre XXXVI (pages 706 à 709) "épactes - comput ecclésiastique" ; - chapitre XXXVII (pages 709 à 714) "lettres dominicales - calendriers perpétuels" ; - chapitre XXXVIII (pages 715 et 716) "calcul des lettres dominicales - cycle solaire". Pour ceux qui désirent lire les quatre chapitres que je viens d'indiquer de cette "Astronomie Populaire" de François Arago dans le texte, voici le lien qu'il convient d'utiliser : http://www.archive.org/stream/astronomiepopula04arag#page/705/mode/1up. Pour ceux qui désirent une explication plus sommaire des cinq mystérieuses dénominations figurant en bas du mois de février 2011, voici ce qu'on peut en dire : - 1°) l'épacte (il s'agit évidemment de "l'épacte grégorienne" - "l'épacte "julienne" n'étant plus utilisée depuis le calendrier de 1582) : l'épacte est une quantification de la différence entre les calendriers solaire et lunaire. Dans le calendrier grégorien, il s'agit de l'âge de la Lune ecclésiastique (attention c'est une "Lune moyenne" qui peut parfois différer d'un jour ou deux avec l'âge de la Lune astronomique ) la veille du premier janvier de l'année considérée. Cet "âge" consiste à compter le nombre de jours écoulés entre la dernière Nouvelle Lune de l'année précédente et le 31 décembre. Les chiffres de l'épacte varient de 0 à 30. Exemple pour 2011 : la dernière Nouvelle Lune ecclésiastique de l'année 2010 aura lieu le lundi 6 décembre 2010 (Nouvelle Lune astronomique : dimanche 5 décembre 2010 à 17h36 Temps Universel), donc au 31 décembre 2010 la Lune sera âgée de 25 jours (26 jours pour les astronomes), la lettre dominicale de 2011 sera donc "25". Ça c'est la théorie, en pratique les "computistes" n'ont très vite plus recherché du tout l'âge de la Lune la veille du premier janvier, mais ont déterminé directement l'épacte en fonction du "nombre d'or" d'une année. En 2011 le "nombre d'or" étant "17", l'épacte vaut donc "25". - 2°) la lettre dominicale : c'est un système de représentation des jours de la semaine consistant à leur attribuer une lettre au lieu des traditionnelles appellations lundi, mardi, mercredi, etc. Ces lettres sont attribuées pour une année donnée. Pour une année donnée, on fait correspondre successivement chacune des sept premières lettres (A, B, C, D, E, F et G) à chacun des jours de l’année, en commençant par A pour le 1er janvier. Ensuite, on répète ce cycle tous les sept jours, donc chaque semaine. Pour une année considérée sa lettre dominicale de l'année est celle correspondant aux dimanches. Lors des années bissextiles, il y a deux lettres dominicales : l'une du 1er janvier au 29 février, l'autre du 1er mars au 31 décembre. Ainsi 2008 a eu comme lettre dominicale "FE" et 2012 aura comme lettre dominicale "AG". On calcule ainsi la lettre dominicale d'une année, ainsi pour 2011 : * on divise le millésime par 4 : 2011 / 4 = 502 (quotient) reste 3. * on ajoute le quotient au millésime : 502 + 2011 = 2 513. * on divise ce résultat par 7 : 2 513 / 7 = 359 (quotient) reste 0. On regarde alors la concordance du reste avec la lettre dominicale de l'année (attention, ce tableau n'est valable qu'entre 1900 et 2099) : reste 0 = lettre dominicale B ; reste 1 = lettre dominicale A ; reste 2 = lettre dominicale G ; reste 3 = lettre dominicale F ; reste 4 = lettre dominicale E ; reste 5 = lettre dominicale D ; reste 6 = lettre dominicale C. La lettre dominicale de 2011 est donc B. Vérification : la lettre dominicale d'une année est A si le 1er janvier est un dimanche, B si c'est un samedi, C si l'année commence un vendredi, D si l'année débute par un jeudi, E si l'année démarre par un mercredi, F si le 1er janvier est un mardi, et enfin G si l'année débute par un lundi. Le 1er janvier 2011 est un samedi, donc la lettre dominicale de 2011 est bien B. - 3°) le cycle solaire : c'est le rang (compris entre 1 et 28) d'une année dans le cycle de 28 ans d'une échelle de temps ayant commencé arbitrairement en l'an 20 de l'ère chrétienne. On le calcule ainsi pour l'année 2011 : - 1°) on rajoute 8 au millésime de l'année : 2011 + 8 = 2019. - 2°) on divise ce chiffre par 28 : 2019 / 28 = 72 (quotient) reste 3. On ajoute 1 au reste : 3 + 1 = 4. Le cycle solaire de 2011 est 4. - 4°) le nombre d'or : c'est le rang (compris entre 1 et 19) d'une année dans un cycle de 19 ans (cycle de Méton) ramenant les mêmes phases de la Lune à une même date. Le nombre d'or est égal au reste de la division euclidienne par 19 du millésime de l'année augmenté de 1. Ainsi pour 2011 : 2011 +1 = 2012 / 19 = 105,89 soit 105 (quotient) reste 17. Le nombre d'or de 2011 est donc 17. - 5°) l'indiction romaine : c'est une période de 15 ans, qui n'a aucune référence astronomique ou ecclésiastique, et qui depuis l'empereur Constantin en 313 a rendu obligatoire dans chaque acte juridique ou administratif le numéro d'ordre d'une année (selon une numérotation allant de 1 à 15). Dans leur excellent ouvrage "Calendriers et chronologie", paru aux éditions Masson en février 1997, Jean-Paul Parisot (professeur d'astronomie à l'Université de Bordeaux I et astronome à l'Observatoire de Bordeaux) et Françoise Suagher (professeur de mathématiques au lycée Jules Haag à Besançon) ont en bas de la page 90 et au début de la page 91 indiqué très justement ceci : « C'est seulement après Charlemagne que les papes élevés au rang de souverains commencèrent à dater leurs actes par l'année de l'indiction dont le début fut fixé au premier jour de l'an 313. Auparavant, ils les dataient par référence aux règnes des empereurs ou à leur pontificat. Il faut noter que cette datation appelée “petite date” ainsi que le nombre d'or et le cycle solaire, étaient utilisés dans les documents officiels (bulles, diplômes, chartes) en parallèle avec la notion classique afin de multiplier les dates par précaution contre les faussaires. » En pratique pour calculer l'indiction d'une année, par exemple 2011 : * on rajoute 2 au millésime de l'année : 2011 + 2 = 2013 ; * on divise ce chiffre par 15 : 2013 / 15 = 134 (quotient) reste 3 ; * on rajoute 1 au chiffre du reste : 3 + 1 = 4 ; * ce dernier chiffre est celui de l'indiction : 4 est donc le chiffre de l'indiction pour 2011. Vous avez pu constater que ces calculs sont longs et fastidieux... Aussi, depuis les années 1990 de très nombreux informaticiens ont calculé des programmes qui permettent à un internaute de pouvoir trouver en seul clic tous les chiffres du "comput ecclésiastique d'une année". Voir par exemple : http://le.voirloup.free.fr/comput/fr/test.htm. Toutefois, c'est Gilbert Javaux qui, dans son excellent site astronomique sur Internet "PGJ - l'Astronomie une Passion à Partager", a indiqué la méthode la plus rigoureuse pour trouver tous les éléments (et pas seulement les cinq que j'ai indiqués plus haut) des "computs" julien et grégorien grâce au formulaire élaboré par Albert Troesch en 1992 (que Patrick Rocher, brillant calculateur du service des calculs de l'IMCCE, a qualifié de "meilleur" dans "l'Astronomie" - le bulletin de la Société Astronomique de France - de mars / avril 2006, page 174, car « il a le mérite d'utiliser et de faire apparaître les éléments du comput ».) : http://pgj.pagesperso-orange.fr/paques.htm). Voilà, j'espère que vous en savez désormais un peu plus sur notre bon vieux calendrier, qui généralement trône dans nos cuisines... :) Roger le Cantalien. -
histoire 1957 - 1972 : les premières années de l'astronautique.
un sujet a posté roger15 dans Astronautique
1957 - 1972 : les premières années de l'astronautique. Bonjour à toutes et bonjour à tous, J'aimerais, du moins si ça vous intéresse, évoquer dans ce sujet les quinze années entre 1957 et 1972 qui ont vu les débuts puis l'apogée de l'astronautique dans le monde. Mais tout d'abord, voyons les préparatifs soviétiques de la "conquête de l'espace" (bien la "conquête" et non "l'exploration" car à l'époque la sinistre "guerre froide" était hélas d'actualité) entre la fin de 1953 et le début de septembre 1957. I) L'astronautique soviétique entre fin 1953 et début septembre 1957 : * 1.1) fin 1953 : le vice-Premier ministre soviétique Viatchelav Malychev demande à Sergueï Korolev de concevoir un missile balistique intercontinental capable de propulser une charge thermonucléaire de 5,6 tonnes depuis le territoire soviétique sur les villes de New-York ou de Washington. A cette époque Sergueï Korolev travaillait sur des missiles R-5, lointains dérivés des V-2 allemands. Ces missiles R-5 avaient une masse au décollage de 28,6 tonnes qui ne leur permettait d'emporter qu'une charge de 1,5 tonne (représentant une charge nucléaire de 80 kilotonnes ; soit quatre fois la puissance de la bombe d'Hiroshima) à seulement 1 200 km de distance. Cette demande du vice-Premier ministre soviétique survenait 3 mois après la première explosion thermonucléaire soviétique (bombe à hydrogène, dite bombe H) le 12 août 1953. La première bombe atomique soviétique (bombe A) avait explosé le 29 août 1949. * 1.2) début 1955 : les militaires soviétiques commencent les travaux d'aménagement (jusqu'à 15 000 m³ de terre seront dégagés chaque jour) du nouveau site pour les tirs d'essais des fusées et missiles. Le lieu choisi s'appelle Tiouratam, qui est rebaptisé Baïkonour, près de Kzuk-Orda dans le Kazakhstan. Jusqu'à présent, depuis 1945 c'est à Kapustin Yar (le "trou aux choux") près de Stalingrad que korolev avait effectué tous ses tirs de fusées et missiles. Le nouveau site de Baïkonour a été choisi en plein milieu de l'URSS pour pouvoir se soustraire à l'espionnage aérien américain. * 1.3) 30 janvier 1956 : Le gouvernement soviétique confie à Korolev la responsabilité de mettre en orbite un satellite artificiel à l’aide du missile intercontinental dont la construction vient de commencer. * 1.4) début 1957 : le nouveau pas de tir soviétique à Baïkonour au Kazakhstan est enfin opérationnel. * 1.5) vendredi 15 mars 1957 : A 19h05 (heure locale) a lieu le premier tir d'essai du missile intercontinental soviétique à deux étages (la R7-Sémiorka), [267 tonnes de poids au décollage, 29 m de hauteur, 20 tuyères qui développent une poussée totale de 500 tonnes] à partir de la base de Baïkonour, au Kazakhstan. Malheureusement la fusée explose après seulement 103,6 secondes de vol. :o * 1.6) dimanche 9 juin 1957 : Deuxième tir d'essai du missile intercontinental soviétique depuis la base de Baïkonour. C'est encore un échec, dû à une fuite importante de carburant. :( * 1.7) vendredi 12 juillet 1957 : Troisième tir d'essai du missile intercontinental soviétique depuis la base de Baïkonour. C'est toujours un échec, dû à un court circuit dans une batterie de bord. :confused: * 1.8) mercredi 21 août 1957 : Quatrième tir d'essai du missile intercontinental soviétique depuis la base de Baïkonour. Cette fois-ci c'est enfin le succès. :be: A 15h25 (heure locale) le missile intercontinental soviétique à deux étages (la R7-Sémiorka) décolle impeccablement et s'oriente vers l'Est. Son ogive se détachera au large du Kamtchatka où elle sera détruite à 10 kilomètres d'altitude. Ce jour-là, pour la première fois de l'histoire, un missile balistique a été lancé. L'URSS possède l'arme absolue : un missile intercontinental capable de transporter une bombe atomique thermonucléaire !... :o * 1.9) mardi 27 août 1957 : l'agence soviétique d'information Tass annonce enfin, avec six jours de retard, aux Soviétiques et au monde entier la nouvelle du lancement du premier missile balistique intercontinental. * 1.10) samedi 7 septembre 1957 : Cinquième tir d'essai du missile intercontinental soviétique depuis la base de Baïkonour. C'est de nouveau le succès. :) Voici le missile balistique intercontinental "R7-Sémiorka" avec ses 20 tuyères : II) Les deux exploits de l'astronautique soviétique à l'automne 1957 : * 2.1) vendredi 4 octobre 1957 : Ce vendredi là, à 19h 28m 34s (Temps Universel), soit à 22h 28m 34s (heure de Moscou), à l'occasion du mois du quarantième anniversaire du mardi 24 octobre 1917 en calendrier Orthodoxe [donc en calendrier Julien, soit le mardi 6 novembre 1917 en calendrier Grégorien ; la Russie révolutionnaire passera du calendrier julien au calendrier grégorien à minuit, heure locale de Moscou, la nuit du mercredi 31 janvier 1918 (julien) au jeudi 14 février 1918 (grégorien)], qui vit le parti Bolchevique prendre le pouvoir en Russie, l'Union Soviétique lança de nouveau, pour la sixième fois, depuis Baïkonour la fusée "Vostok-K", dérivée du missile intercontinental à deux étages (la R7-Sémiorka) qui, cette fois-ci emportait le premier satellite artificiel de l'histoire : Spoutnik ("compagnon" en russe). Cinq minutes et 14 secondes plus tard (à 19h 33m 48s Temps Universel - 22h 33m 48s heure de Moscou) Spoutnik est satellisé !!!... Pour la première fois de l'histoire l'homme a réussi à doter la planète Terre d'un "compagnon", un "satellite artificiel"... :be: Voici Spoutnik 1 : Spoutnik 1 mesurait 58 cm de diamètre et avait une masse de 83,6 kg. La sphère du satellite était munie de quatre antennes permettant à deux émetteurs radiophonique d'émettre des signaux dans la bande Ondes Courtes des 15 mètres (20,005 MHz) et dans la bande des 40 mètres (40,022 MHz). Au début Spoutnik 1 faisait une révolution autour de la Terre en 96,2 minutes. Sa hauteur au-dessus de la surface terrestre variait entre un minimum de 226 km et un maximum de 950 kilomètres. Son inclinaison sur l'équateur était de 65° (ça signifiait que Spoutnik 1 passait au zénith sur tous les territoires situés entre 65° de latitude Nord et 65° de latitude Sud). La fusée porteuse de Spoutnik s'est consumée dans les hautes couches de l'atmosphère terrestre le dimanche 1er décembre 1957, donc après 58 jours de satellisation au cours de laquelle elle a effectué 879 révolutions autour de la Terre. Quant à Spoutnik 1 lui-même, il s'est désintégré en retombant dans l'atmosphère terrestre, après 1 400 révolutions et un parcours de 70 millions de kilomètres, le samedi 4 janvier 1958. Spoutnik 1 a donc tourné autour de la Terre pendant 92 jours. Bien entendu cette première spatiale de l'Union Soviétique fut ressentie par les Américains comme un véritable camouflet, ils ont alors évoqué pour la première fois un "Pearl Harbor technologique" !... Voici la "une" de "La Pravda" du dimanche 6 octobre 1957 : * 2.2) dimanche 3 novembre 1957 : Ce dimanche là, soit seulement 30 jours après le lancement de Spoutnik 1, l'Union Soviétique lance Spoutnik 2 avec le premier être vivant à partir pour l'espace, l'adorable petite chienne Laïka : Le site Internet http://www.espace-sciences.org/archives/jsp/fiche_pagelibre_70930572.html donne les précisions suivantes sur la chienne Laïka : « Laïka était une petite chienne bâtarde d'environ trois ans et pesant environ 6 kg trouvée dans les rues de Moscou. Le personnel qui s'occupait d'elle lui avait donné plusieurs noms et surnoms, parmi lesquels « Koudryavka » (qui signifie : petite boucle ou peu bouclé »), « Zhoutchka » ou « Limontchik ». Mais comme « Koudryavka » était trop difficile à prononcer pour des non soviétiques, le choix s'est porté sur le nom Laïka. Ce mot russe signifie « aboyeur » et il est également un nom désignant des chiens bâtards ressemblant à un husky. Cet animal était extrêmement calme et d'une très grande docilité, c'est d'ailleurs pour ces raisons qu'elle avait été repérée. Son véritable pedigree est bien évidemment inconnu, mais il est quasi certain qu'il s'agisse d'un croisement entre un husky (ou autre race nordique) et un terrier. » Ce même site ajoute : « Laïka fut installée dans la capsule de Spoutnik 2 le 31 octobre 1957, mais le lancement n'eut lieu que le 3 novembre 1957. Elle fut lavée soigneusement et désinfectée aux endroits où se trouvaient installées les électrodes. Laïka était sous haute surveillance ! De nombreux fils émanant de son costume devaient informer les scientifiques de son rythme cardiaque, de sa fréquence respiratoire, de ses activités motrices et de sa pression artérielle. Une caméra et un émetteur radio permettaient, au travers d'un hublot de verre, d'observer ses faits et gestes. Évidemment, d'autres instruments de mesure calculaient la température de la cabine ainsi que la pression atmosphérique. Des spectromètres évaluaient l'émission de rayons X et d'ultraviolets émis par le Soleil. » Les caractéristiques techniques de Spoutnik 2 étaient les suivantes : période de révolution initiale : 103,3 minutes (1h 43,3m) ; périgée initial : 224 km ; apogée initial : 1 670 km ; inclinaison de l'orbite sur l'équateur : 65,33° ; masse : 508 kg. Spoutnik 2 effectua 2 368 révolutions autour de la Terre en 162 jours au cours desquels il parcouru 120 millions de kilomètres. Il s'est consumé au-dessus des Antilles le lundi 14 avril 1958. Sa destruction fut fortement photographiée. Voici par exemple deux photographies prises alors de cet exceptionnel "météore" : Et Laïka dans tout ça ? Eh bien, ce fut la plus grande erreur des communicants scientifiques soviétiques. Dans un premier temps ils firent croire aux journalistes américains - qui étaient très curieux sur le sort réservé à cette chienne - que tout avait été prévu pour la ramener saine et sauve sur Terre. Ensuite, ils durent admettre qu'en réalité rien n'avait été prévu pour cela... Mais le plus gros - et le plus scandaleux !!!... :mad: - mensonge des Soviétiques fut de cacher la fin de Laïka : ils affirmèrent qu'elle était morte après dix jours de vol spatial (ils précisèrent même que la chienne était morte par un poison mélangé à sa nourriture afin de ne pas la faire souffrir lors du retour dans l'atmosphère). En réalité - et cela ne sera révélé seulement qu'en 2002 par le docteur Dimitri Malachenkof - la pauvre Laïka est morte dès la cinquième heure du deuxième vol spatial ; les Soviétique eurent le culot de diffuser le son des battements de son cœur pour prouver qu'elle était toujours vivante plusieurs jours après sa mort !!!... :mad: Permettez-moi de faire état d'un souvenir personnel : à l'époque (j'avais tout juste huit ans) j'écoutais avec attention les explications données par le journaliste scientifique de Radio-Luxembourg, Lucien Barnier, sur le vol de Laïka, et lorsque j'ai appris - sans doute au troisième ou quatrième jour de la mission - que rien n'avait été prévu par les Soviétiques pour récupérer la pauvre Laïka j'ai détesté les Soviétiques qui n'étaient que des scientifiques sans aucune parcelle de chaleur humaine au fond de leurs cœurs... Je ne fus sans doute pas le seul petit garçon à avoir été ému par le sort tragique de la pauvre chienne Laïka. :cry: Pardonnez-moi ce souvenir personnel, mais ça m'a fait du bien de ressortir cela 54 ans après le vol de Spoutnik 2. Sinon, par rapport à Spoutnik 1, Spoutnik 2 avait un "plus" : un appareil de détection des radiations cosmiques. Seulement il n'avait point d'appareil enregistreur pour les garder en mémoire et ne faisait que de les diffuser en direct par des signaux codés que seuls les Soviétiques pouvaient interpréter. Or lorsque Spoutnik 2 survolait le territoire le l'Union Soviétique il était proche du point le moins élevé de son orbite (le périgée) à 212 km environ et alors il ne détectait aucune radiation et donc ne transmettait rien, alors que quand il était proche de son apogée (vers 1 160 km) il captait parfaitement les radiations (qu'on appellera ensuite les "ceintures de Van Allen", qui seront découvertes lors du vol du premier satellite artificiel américain "Explorer 1" lancé le 1er février 1958) et transmettait cette information par radio. Cela fut parfaitement capté en Australie et en Amérique du Sud mais les scientifiques de ces pays ne pouvaient pas les interpréter, ignorant la "clef de décodage" de ces signaux... Eh oui !... Il ne faut jamais oublier qu'on était alors en pleine "guerre froide" et que la "conquête de l'espace" en était un élément essentiel. :( Deux à zéro, après les succès soviétiques de Spoutnik 1 et de Spoutnik 2 les officiels américains pressèrent donc l'US Navy d'envoyer très rapidement leur premier satellite artificiel, et en tout cas avant la fin de 1957 !… Cette pression lui fut hélas fatale… * 2.3) vendredi 6 décembre 1957 : le lancement raté de "Vanguard 1A". L'Amérique est humiliée !... Le vendredi 6 décembre 1957 allait être la journée de la revanche des États-Unis : non seulement ils allaient réussir eux aussi à envoyer un satellite artificiel, mais, certains de la fiabilité de leur technologie, ils allaient convier le monde entier à y assister (alors que les deux lancements soviétiques s'étaient effectués dans le plus grand secret, et révélés seulement dès qu'on était certain de leur succès). Et, cerise sur le gâteau, les caméras de la télévision américaine étaient invitées à diffuser ce lancement en direct depuis Cap Canaveral (Floride). A 16h 44m (Temps Universel) les moteurs de la fusée emportent vers l'espace le satellite "Vanguard-1A" une sphère en aluminium de 15,2 cm de diamètre et pesant 1,36 kg. Les trois réseaux télévisés américains (ABC, CBS et NBC) diffusent en direct ce magnifique décollage. Mais, deux secondes après avoir quitté le sol et après s'être élevée d’environ un mètre et vingt centimètres, la fusée composée de trois étages perd de la poussée et commence à retomber en penchant vers l’arrière. Ayant touché violemment la rampe de lancement, les réservoirs de carburant se rompent et explosent, détruisant entièrement la fusée et endommageant gravement la rampe de lancement !… Toute l'Amérique assiste en direct à la télévision à ce désastre technologique sans précédent !… :o Les États-Unis ont été humiliés par la stupide US Navy, dont les responsables ont alors rasé les murs du Pentagone dans les jours suivants… :confused: Une véritable hystérie secoue alors les États-Unis : les Russes peuvent leur envoyer des fusées porteuses de bombes atomiques et eux se révèlent incapables d'envoyer une fusée à plus de deux mètres de hauteur !… :o Le seul gagnant de ce désastre fut le satellite Vanguard-1A lui-même : éjecté de la fusée lors de l'explosion, sa coque a bien résisté et ses émetteurs ont bien fonctionné !… L'émotion causée par cet échec aux États-Unis sera telle que la presse américaine la comparera une deuxième fois à Pearl Harbor… :( L'Américain le plus vexé par cet échec fut bien sûr le Président des États-Unis Dwigth David Eisenhower. Quatre jours après ce nouveau Pearl Harbor technologique, le mardi 10 décembre 1957 il ordonna au ministre de la défense de lever immédiatement l'embargo qui frappait l'équipe de Wernher von Braun et de lui donner l'ordre de procéder le plus vite possible au lancement d'un satellite artificiel américain. Voici deux vidéos, avec des commentaires américains, de ce lancement raté : d'abord une vidéo en noir et blanc, puis une vidéo en couleur. "http://www.youtube.com/watch?v=JK6a6Hkp94o&feature=player_embedded" via YouTube ERROR: Si vous lisez ce texte, YouTube est hors-ligne ou vous n'avez pas installe Flash "http://www.youtube.com/watch?v=zVeFkakURXM&feature=related" via YouTube ERROR: Si vous lisez ce texte, YouTube est hors-ligne ou vous n'avez pas installe Flash L'année 1958 verrait-elle la revanche des États-Unis ? :?: Roger le Cantalien. -
histoire Bon anniversaire à notre calendrier.
un sujet a posté roger15 dans Astronomie & Astrophysique
Bon anniversaire à notre calendrier. Figurez-vous que nous sommes aujourd'hui le mardi 2 octobre 2012 et qu'il y aura cinquante-cinq ans dans deux jours que l'astronautique entrait avec force dans les médias du monde entier avec l'envol du premier satellite artificiel de l'histoire, Spoutnik 1 lancé par les Soviétiques le vendredi 4 octobre 1957 à 19 heures 28 minutes et 34 secondes (Temps Universel) et mis en orbite autour de la Terre ce même jour à 19 heures 33 minutes et 48 secondes (Temps Universel). Mais, ce n'est pas de cet anniversaire que je voudrai vous entretenir aujourd'hui, mais du 430ème anniversaire de notre calendrier grégorien. Celui-ci a succédé au vénérable calendrier julien (institué par l'empereur romain Jules César, d'où son nom, en 46 avant Jésus-Christ pour les historiens et en -45 pour les astronomes) qui a fini son existence officielle le jeudi 4 octobre 1582 à minuit pour être remplacé immédiatement (mais avec une avance considérable de dix jours entiers) à minuit par le nouveau calendrier institué par le pape Grégoire XIII, d'où son nom de calendrier grégorien, avec la date du vendredi 15 octobre 1582. Donc dix jours de l'histoire du monde ont été supprimés !... Je vais revenir , assez brièvement sur l'histoire du calendrier julien, avant d'indiquer pourquoi il fut réformé il y a 430 ans et quel est l'avenir du calendrier grégorien ? L'imprécision du calendrier julien. Ce calendrier julien fut institué en 46 avant Jésus-Christ (pour les historiens, mais en -45 pour les astronomes qui compte l'année zéro depuis 1740 avec Jacques Cassini, dit "Cassini II", deuxième directeur de l'Observatoire de Paris ; voir mon sujet : "Quelle est la date avant celle du 1er janvier de l'an 1 ?" : http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=74230) par l'empereur romain Jules César (d'où son nom de "calendrier julien"), c'était précisément en l'an 708 de la fondation de Rome par Romulus. Pourquoi Jules César a-t-il éprouvé le besoin de réformer le précédent calendrier romain ? Eh bien essentiellement pour deux raisons : * faire cesser la très détestable pratiques des "mois intercalaires" ; * obtenir une date fixe pour l'équinoxe de printemps. Pour cela Jules César s'est entouré de l'astronome égyptien Sosigène d'Alexandrie qui s'est basé sur une valeur de l'année tropique (celle qui ramène les saisons) de 365 jours et six heures. Cette valeur de 365 jours 6 heures (365,25 jours) a été la base du calendrier julien pendant 1 626 ans (entre -44 et 1582). Or, Sosigène savait déjà que la durée de l'année tropique était en réalité de 365 jours 5 heures et 49 minutes, soit 11 minutes de moins. Il a dû penser que ces 11 minutes étaient insignifiantes compte tenu de la très grande incertitude des calendriers jusqu'alors, et il avait raison. Il a dû supposer que quelqu'un proposerait dans l'avenir un correctif à son calendrier lorsque ce dernier commencerait à diverger gravement avec la réalité astronomique constatée… Avec le temps qui s'est écoulé inexorablement ces 11 minutes par an ont fini par faire diverger gravement l'exactitude du calendrier julien : * en 10 ans : 110 minutes de retard (1 heure et 50 minutes) ; * en 100 ans : 1 100 minutes de retard (18 heures et 20 minutes) ; * en 1 000 ans : 11 000 minutes de retard (7,64 jours) ; * en 1 500 ans : 16 500 minutes de retard (11,46 jours). Donc en 1 500 ans le calendrier julien accusait un retard de plus de onze jours sur l'année des saisons. L'Église catholique fut la plus désireuse de réformer le calendrier julien. Pourquoi ? Eh bien à cause de la stupide rédaction de la règle fixée par le Concile œcuménique de Nicée (actuellement Iznik en Turquie) en 325 après Jésus-Christ concernant la date de la fête de Pâques : « Pâques est célébré le dimanche qui suit le quatorzième jour de la lune qui atteint cet âge au 21 mars ou immédiatement après. » Eh bien, c'est bien là tout le problème qui a amené à la réforme du calendrier par le pape Grégoire XIII en 1582 : Pâques, du fait de la stupide rédaction de la règle fixée par le concile de Nicée (référence au 21 mars et non à l'équinoxe de printemps), prenait de plus en plus de retard et de fête printanière aurait fini par devenir une fête estivale !... Pour vous donner une idée de la dérive de la date de l'équinoxe de printemps par rapport au calendrier julien nous allons consulter le site de l'IMCCE (Institut de Mécanique Céleste et de Calcul des Éphémérides) qui indique, grâce au magnifique travail de Patrick Rocher, astronome à l'Observatoire de Paris, les dates des quatre saisons sur 6 500 ans, entre -4000 et + 2500 : http://www.imcce.fr/fr/grandpublic/temps/saisons.php : * équinoxe de printemps en -44 (l'année où Sosigène a introduit le calendrier julien) : 23 mars -44 à 00h15m (Temps Universel) ; * équinoxe de printemps en +325 (l'année du concile de Nicée) : 20 mars 325 à 10h10m (Temps Universel). Vous constatez que les astronomes de 325 se sont déjà trompés d'un jour dans la date de l'équinoxe de printemps… * équinoxe de printemps en + 1000 : 14 mars 1000 à 23h20m (Temps Universel) ; * équinoxe de printemps en + 1582 : 10 mars 1582 à 23h55m (Temps Universel). Comme Pâques était célébré par rapport au 21 mars et non par rapport à l'équinoxe de printemps, il s'éloignait de plus en plus de ce dernier… La mise en œuvre du calendrier grégorien. La réforme dite "grégorienne" du pape Grégoire XIII fut décrétée par la bulle "Inter Gravissima", signée le sixième jour des calendes de mars de l’an 1581 (24 février 1581), dont les deux points principaux furent : * suppression de dix jours dans l'histoire du monde : le jeudi 4 octobre 1582 (calendrier julien) sera suivi du vendredi 15 octobre 1582 (calendrier grégorien) ; * suppression du caractère bissextile à trois années séculaires (c'est-à-dire dont le millésime se termine par deux zéros) sur quatre. En pratique si les deux chiffres de gauche du millésime étaient divisibles par quatre (ainsi 1600, 2000 et 2400) l'année séculaire continuerait à être bissextile comme dans le calendrier julien, mais s'ils ne l'étaient pas (ainsi 1700, 1800, 1900 et 2100) l'année n'aurait que 365 jours et non 366 comme dans le calendrier précédent. Le deuxième point de la bulle "Inter Gravissima" ne posa aucun problème… En revanche, le premier point fut unanimement rejeté par tous les états du monde, sauf trois : l'Italie, l'Espagne et le Portugal, et c'est tout !… Donc seulement les trois états très catholiques d'Europe, et leurs colonies. Tous les autres pays, les pays de rite orthodoxe, de rite protestant, et les pays mixtes comme la France n'ont pas suivi le souverain pontife. Pour eux le 4 octobre 1582 a bien été suivi du 5 et non du 15 octobre 1582... Les clercs catholiques de France étaient bien ennuyés, certes le Saint-Père leur demandait d'avancer brusquement le calendrier de 10 jours, mais non le roi de France qui était leur supérieur hiérarchique direct en vertu du Concordat de Bologne en 1516. Quand allaient-ils célébrer Noël ? le 25 décembre ou dix jours plus tôt ? Fort heureusement une ordonnance du roi de France Henri III du 3 novembre 1582 décida que le lendemain du lundi 9 décembre 1582 serait le mardi 20 décembre 1582. Cette année-là l'Avent n'eut donc que deux dimanches au lieu des quatre habituels et Noël fut célébré dès le 15 décembre, selon le calendrier julien. Avec le ralliement de la France la réforme grégorienne gagna du terrain, d'autres états s'y rallièrent peu à peu : aux Pays-Bas les provinces catholiques le firent le lendemain du 14 décembre 1582, où ils fêtèrent Noël ; en 1584 pour les provinces catholiques de Suisse et d'Allemagne ; en 1586 en Pologne et en 1587 en Hongrie. Les provinces protestantes d'Allemagne, des Pays-Bas et de Suisse n'adoptèrent le nouveau calendrier qu'en 1700, et enfin en 1752 ce fut le tour de la Suède et surtout de la Grande-Bretagne et ses colonies. Donc les États-Unis d'Amérique, indépendants depuis le 4 juillet 1776, n'ont toujours connu que le calendrier grégorien, dont ils sont un des plus ardents défenseurs. Ce n'est qu'entre 1918 et 1927 que les pays de rite orthodoxe (Bulgarie, Grèce, Russie, Turquie, Yougoslavie) ont adopté le calendrier grégorien, mais uniquement pour les usages civils. Pour les fêtes religieuses ils conservent leur vieux calendrier julien. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, en 1945, les autres états du monde (les états asiatiques, africains, arabes et Israël) ont eux aussi adopté, plus ou moins officieusement, le calendrier grégorien pour leurs relations commerciales et diplomatiques. Il est bon de le savoir, car tout projet de réforme de calendrier (ainsi le fameux "calendrier perpétuel" cher à Camille Flammarion), risquerait d'entraîner de nouveau une grave cacophonie dans la manière de compter les jours au niveau de la planète. Il a fallu plus de trois siècles pour que le calendrier grégorien soit reconnu comme calendrier international, ne brisons surtout pas ce très fragile consensus actuel… Pour ceux qui voudraient consulter le texte original de la bulle "Inter Gravissima", du 24 février 1581, je leur conseille de regarder l'excellent site Internet du Québécois Rodolphe Audette (professeur à l'Université Laval dans la ville de Québec) qui a rédigé un extraordinaire travail en retrouvant les "textes fondateurs du calendrier grégorien", et notamment le texte en latin (traduit en français moderne) de la bulle "Inter Gravissimas" du pape Grégoire XIII : http://henk-reints.nl/cal/audette/bulle.html La précision du calendrier grégorien pour l'avenir. Le calendrier grégorien sera en harmonie avec les saisons pendant encore plusieurs millénaires. La réforme grégorienne, en supprimant 3 jours tous les 400 ans ramène donc l'écart avec l'année tropique à 0,12 jours tous les 400 ans (un cycle grégorien complet), ou 2 heures 52 minutes et 48 secondes, soit presque trois heures. Donc dans environ 2 800 ans notre calendrier aura de nouveau un jour de trop. Déjà Jean-Baptiste Delambre avait prévu en 1805 que l'an 4000 et l'an 8000 ne devraient pas être bissextiles. Mais d'ici-là nos descendants auront largement le temps de voir venir... d'autant plus que la durée de l'année tropique n'est pas constante, que la durée de la rotation de la terre ne l'est pas non plus, et qu'aucun calendrier n'a survécu plus de 5 000 ans sans être réformé plus ou moins profondément. Le très grand calculateur belge Jean Meeus indique à la page 364 de son ouvrage "More Mathematical Astronomy Morsels" (paru en 2002 aux éditions Willmann-Bell à Richmond, en Virginie aux États-Unis) : « Bien que le calendrier grégorien restera excellent pour au moins quatre ou cinq mille ans, ce ne sera plus le cas dans l'avenir au-delà. La rotation de la Terre ralentit continuellement, donc nous devrons faire face à cet aspect inévitable. Irrémédiablement il y aura de moins en moins de jours solaires moyen dans une année. Quand, dans environ 2,4 millions d'années, il n’y aura plus seulement que 365,1 jours dans une année, le calendrier devra consister en seulement une année bissextile de 366 jours tous les dix ans. Encore plus tard, il y aura exactement 365 jours dans une année, et ainsi de suite... La conclusion est évidente : nous ne pouvons pas inventer un calendrier valide pour des dizaines de milliers d'années dans l'avenir. Il n'y a d'ailleurs aucun besoin de s'en préoccuper. » Roger le Cantalien.