Sous le vent et les étoiles…

Bonjour à tous,

Voici le compte-rendu (ou la geste ) d’une soirée mémorable d’observation mardi soir (9 avril) avec deux amis au plateau de Calern.

A mettre en parallèle avec la soirée du mois dernier sous la Lune (http://www.webastro.net/forum/showthread.php?t=105056). Nous sommes revenus sur les mêmes cibles mais avec beaucoup plus de succès…

Des débuts difficiles…

Au sortir de la voiture, un vent assez soutenu et un ciel magnifique nous accueillent. Nous décidons de monter le Dobson 250 près du véhicule pour s’abriter, et de n’ajouter ni pare-lumière ni jupe pour limiter la prise au vent.

L’alignement du miroir secondaire est effectué sans problème au laser. Je passe au miroir primaire, pensant régler cela en quelques secondes comme d’habitude. Mais je ne vois même pas le rayon revenir vers le secondaire, encore moins dans la cible du collimateur…

« -Tu peux mettre ta main devant l’ouverture s’il te plaît, que je vois où arrive ce rayon ?

-Comme ça ?

-Oui, bouge un peu…

-Houlà, il est carrément tout en haut… Comment c’est possible ? »

J’agis sur les 2 vis du primaire, et me rend compte que pour ramener le rayon « plus bas », il faudrait que je les dévisse entièrement… Réflexion intense… On visse, on dévisse, on examine… Les minutes passent… (Ah, je fais monter le suspense hein ? Vous allez être déçus, la chute est frustrante…). Ça ne vient pas du secondaire : par le porte-oculaire, je vois bien tout le miroir primaire, avec l’œillet centré… Le problème vient peut-être du laser ? Je mets l’œil au porte-oculaire… « Visse celle de gauche, dévisse celle de droite, revisse les deux… » Après de multiples essais, comme par magie, on arrive à collimater, avec les vis serrées normalement (pas complètement sorties)… Et notre désarroi n’en est que plus grand : comment ? Pourquoi ?

Ma meilleure hypothèse à ce jour : sur un chaos de la route, un côté du miroir s’est soulevé, le bas du miroir de ce côté a accroché à la cale et le miroir s’est coincé dans cette position (car plus « large » que le diamètre si de travers bien sûr). En « jouant » avec le barillet (j’ai même tenté de soulever un peu le miroir du barillet à un moment), nous avons replacé le miroir.

Bref, trois quarts d’heure se sont déjà écoulés depuis notre arrivée. « L’avantage, c’est que maintenant il doit être à température ».

Les observations peuvent enfin commencer…

Iles-univers

Démarrage en fanfare avec M51, vite repérée avec le viseur et l’oculaire Panoptic 24 mm. Le spectacle est incroyable : les deux cœurs sont bien visibles, et la sensation de « tourbillon » est claire. Avec le Nagler 9 mm pour plus de grossissement, c’est tout bonnement saisissant : les deux bras sont visibles, la structure peut-être entièrement appréhendée en vision décalée. Le premier bras part du noyau, s’enroule autour en marquant un arc au sud puis remonte vers le nord. Le second bras à l’opposé présente un arc bien marqué vers le nord et passe par l’est à l’extérieur du premier bras pour terminer au sud. On voit bien la zone d’ombre entre le second bras et le noyau de la galaxie satellite située au nord, même si le pont de matière entre la fin du premier bras et ce noyau n’est pas vraiment visible.

Direction ensuite le trio du Lion. Peu de détails mais un beau champ avec le Panoptic 24. Les ellipses de M65 et M66 apparaissent très nettes et brillantes. NGC 3628, vue par la tranche, est un trait fin et plus pâle.

La prochaine cible est la fameuse chaîne de Markarian, pile entre Vindemiatrix et Denebola. Au Panoptic 24, un champ avec pas moins de 6 galaxies. M84, M86, la jolie paire formée par NGC 4435 et NGC 4438 (les Yeux)…

Un petit bonsoir à M81 et M82, déjà beaucoup observée, mais un plaisir à chaque fois. D’ailleurs de nouveaux détails sont encore découverts dans M82. Les bonnes conditions de cette soirée permettent de voir des zones sombres plus fines et nettes, comme « effilochées ».

Enfin, dans notre recherche de la nébuleuse planétaire du hibou, nous tombons sur l’ellipse de M108.

Le hibou

M97, nébuleuse planétaire dans la Grand Ourse, dite du hibou : l’occasion de tester mon filtre OIII fraîchement acquis. Un disque bleuté et brillant, mais pas de détails vraiment visibles. Avec un gros effort, on peut éventuellement deviner des zones plus sombres, mais rien de probant.

L’amas d’Hercule

Nous terminons la session ciel profond avec une des claques de la soirée, j’ai nommé M13 l’amas globulaire d’Hercule. Enfin observé dans de bonnes conditions avec le 250 !

Déjà sous la Lune, la vision surpassait largement les observations au 130, mais là… Au Panoptic 24 mm, il est très bien résolu, on a l’impression de pouvoir compter les étoiles. Avec le Nagler 9 mm, c’est complètement hallucinant : l’amas est très brillant mais extrêmement piqué et détaillé. On voit qu’il n’a pas une forme complètement sphérique : des « bras étoilés » s’étirent du centre par endroits. L’effet tridimensionnel est très puissant également : devant le fond de l’amas très dense, un premier plan d’étoiles brillantes se détache… Une pure merveille !

Saturne

Dernière cible de la soirée (pour lui laisser le temps de monter sur l’horizon): Saturne. Au Nagler 9 mm (grossissement 139x) la planète est déjà bien nette et la division de Cassini est visible. Le suivi manuel reste relativement aisé. En ajoutant la Barlow x3 (grossissement 417x), il faut la placer au bord du champ et la laisser défiler en attendant un « trou libre de turbulence ». Dans ces moments magiques, des détails fins apparaissent, telles les bandes nuageuses et l’ombre des anneaux sur le globe.

Happés par le spectacle, nous rangeons le matériel à une heure indécente.

L’aventure du trajet retour avec dépôt des amis chez eux pour rallonger au maximum les temps de sommeil ainsi que des pauses fréquentes pour un mal des transports achèvera de donner un côté épique à cette soirée…

Prochaine sortie : test de la table équatoriale pour le suivi de Saturne, et pourquoi pas l’imagerie…

Excellents cieux à tous !

Salut Locus

Ma meilleure hypothèse à ce jour : sur un chaos de la route, un côté du miroir s’est soulevé, le bas du miroir de ce côté a accroché à la cale et le miroir s’est coincé dans cette position (car plus « large » que le diamètre si de travers bien sûr). En « jouant » avec le barillet (j’ai même tenté de soulever un peu le miroir du barillet à un moment), nous avons replacé le miroir.

Surprenant, est-ce que les "taquets" qui maintiennent le miroir sont suffisament serrées

Enfin, dans notre recherche de la nébuleuse planétaire du hibou, nous tombons sur l’ellipse de M108.

 

Moi, c'est plutôt le contraire, lorsque je cherche M108, je tombe systématiquement sur M97

M97, nébuleuse planétaire dans la Grand Ourse, dite du hibou : l’occasion de tester mon filtre OIII fraîchement acquis.

As-tu constaté une grosse amélioration avec le OIII ?

Prochaine sortie : test de la table équatoriale pour le suivi de Saturne, et pourquoi pas l’imagerie…

 

Excellents cieux à tous !

J'ai hâte de lire ton prochain CROA (et pourquoi pas voir tes début en photo)

Est-ce une table équato que tu as fabriqué toi-même

Merci pour ce compte-rendu

Merci de ton passage Dédé

Surprenant, est-ce que les "taquets" qui maintiennent le miroir sont suffisament serrées

J'ai l'impression que oui. Peut-être devrais-je serrer les griffes pour le transport, et les dévisser sur place... Je ne sais pas.

As-tu constaté une grosse amélioration avec le OIII ?

Oui, très nette. L'image est beaucoup plus contrastée.

J'ai hâte de lire ton prochain CROA (et pourquoi pas voir tes début en photo)

Ce sera mes débuts avec cet instrument en photo, mais pas en astrophoto en général (voir http://www.astrobin.com/users/Locus/ , tu verras des clichés au 130 et à la lunette solaire principalement)

Est-ce une table équato que tu as fabriqué toi-même

Non, c'est la table équato à pas cher vendue par Teleskop Service, de la même marque que mon Dob (MF Dobson).

Merci pour ces précisions

CROA stressant au début. On imagine l'inquiétude gagner à mesure que l'incompréhension gagne concernant la collimation.

La description de M13 donne à saliver... de même que l'observation de la division de Cassini ainsi que M51.

Une bien belle soirée pour vous trois.

Merci pour ce CROA Locus.

Un bon ciel, un bon diamètre, et nous voilà capables de braver les dangers et petites contrariétés du voyage !

Beau CROA plein d'enthousiasme !